CASTELLI DRANSART Dolores Angela (Suisse) – angela.castelli@hefr.ch

En Suisse romande, l’introduction en 2005 d’un nouveau cursus de formation - assistant socio-éducatif (ASE)- a modifié les contours du système de formation dans le domaine du social. Pour la première fois, une formation sociale de niveau secondaire a vu le jour, toutes les professions dans le domaine relevant jusqu’alors du niveau tertiaire de formation.
Cette introduction suscite des questionnements importants, tant au niveau de la formation (référents et compétences à faire acquérir) qu’au niveau de la profession (cahier des charges, type de fonction) ou encore au niveau économique (rétribution et classification de la fonction).
Cette profession cristallise nombre de tensions et d’enjeux, et est caractérisée par de nombreuses indéterminations, notamment en matière de cahier de charges et de division du travail entre ASE et professionnels de formation supérieure en travail social.
L’étude dont nous allons présenter les résultats visait à cerner les composantes de l’identité dans cette profession émergente.
En particulier elle a consisté à saisir et comparer les représentations collectives de l’identité professionnelle de différents acteurs de la formation professionnelle : apprenants, enseignants, formateurs ASE.
Elle a été menée conjointement par la HES-SO/HEF-TS (Haute Ecole Supérieure de Suisse Occidentale/Haute Ecole fribourgeoise de Travail social) et l’IFFP (Institut fédéral pour la Formation professionnelle).
Elle a duré 30 mois et a porté sur deux professions contrastées : les polymécaniciens et les assistants socio-éducatifs. Seuls les résultats inhérents au volet des ASE seront exposés lors du congrès. Les ASE sont formés à l’accompagnement des usagers dans les activités de la vie quotidienne.
Cet accompagnement s’exerce en institution, auprès de trois populations possibles : enfants, personnes âgées, personnes handicapées. Il s’effectue par ailleurs de façon transversale à deux domaines professionnels, santé et social, au travers de tâches socio-éducatives, de soins et d’intendance. La revue de la littérature et l’analyse des données ont permis de cerner 4 composantes et leurs contenus.
En effet, selon les représentations collectives, l’identité émergente des ASE semble se dessiner autour de 4 axes : le rapport à l’activité, le rapport au référent professionnel, le rapport au cadre prescriptif et organisationnel et le rapport aux perceptions sociales de la profession.
Le rapport à l’activité concerne les compétences dont les ASE sont censés faire preuve. Celles-ci sont essentiellement l’accompagnement des usagers (soutien, suppléance, aide au maintien des acquis et au développement de l’usager, de même que le soutien aux proches) et le travail d’équipe.
Le rapport au référent professionnel a mis en exergue les relations aux autres professionnels. Ces dernières balancent entre complémentarité et concurrence, faisant de l’intégration des ASE dans les équipes professionnelles un enjeu de taille.
L’indétermination du cahier des charges, une attribution des tâches et responsabilités souvent floue et variable en fonction des institutions et des besoins ainsi qu’une classe salariale encore indéfinie caractérisent le rapport au cadre prescriptif et organisationnel. Une possible hiérarchisation et un éventuel nivellement « par le bas » des professions du social sont également des enjeux existants en référence à cet axe.
Deux types de représentations collectives dominent principalement les perceptions inhérentes aux ASE, soit plutôt défavorables ou favorables : pour les autres professionnels de la santé et du social, les ASE sont le plus souvent vus comme des concurrents potentiels, alors que les personnes extérieures au cadre professionnel perçoivent les ASE plutôt favorablement.
L’identification des 4 composantes et de leurs contenus a permis d’aboutir à une modélisation du profil privilégié dans la profession d’ASE selon les représentations collectives des acteurs sollicités.