BELHAJ KACEM Saoussen (Tunisie) – samet_sawssen@yahoo.fr
LABIDI Lassaad (Tunisie) – lassaadlabidi2018@gmail.com

L’objet de cette réflexion est d’analyser l’impact des changements socioculturels et démographiques et de la transformation du rôle de l’Etat sur les politiques d’intervention sociale mises en œuvre en faveur des personnes âgées vulnérables en Tunisie.
A l’instar des autres sociétés de la région, la Tunisie a connu et connaissait encore de profonds changements qui ont touché les principales institutions traditionnelles de la société. Ils ont également touché le système des références culturelles qui définissait autrefois le statut des différentes classes d’âge et le rapport entre les sexes. Par ailleurs la Tunisie grâce à une politique de planification familiale est entrée dans une nouvelle phase démographique qui se caractérise par l’augmentation progressive du taux de la population âgée parmi la population totale.
En effet, suite à ces changements, les fondements de base sur lesquels reposait la vie dans la société traditionnelle en tant que société arabo-musulmane ont été ébranlés ; il n’y a plus de repères qui font l’unanimité de tous pour définir les comportements individuels et de groupe. Bien sûr, ces différents aspects de changement et bien d’autres n’ont pas été favorables aux catégories faibles de la société telles que les personnes âgées en particulier celles appartenant aux couches sociales pauvres. Cette catégorie de la population, ne trouve plus au sein de la structure familiale et le tissu communautaire la protection et la prise en charge dont elle a besoin. C’est ainsi qu’elle est devenue objet d’intervention sociale.
Grâce à la politique de scolarisation massive, à l’accès de la femme tunisienne à ses droits et à tous le processus de modernisation entamé depuis l’indépendance, le changement socioculturel dont nous venons d’exposer quelques dimensions, a été soutenu par différentes politiques de développement traduisant le rôle assumé par l’Etat en fonction de ses choix et de ses orientations politiques et économiques. En effet, si après la première décennie de l’indépendance l’état tunisien a choisi le modèle de l’état providence et a adopté une politique de développement fondée sur l’économie planifiée et axée sur la recherche du bien être collectif.
A partir des années 70, nous avons assisté à un virage au niveau économique ouvrant la voie vers l’économie de marché tout en maintenant un rôle social considérable. Toutefois, à partir de la fin des années quatre vingt et durant toute la dernière décennie du siècle précédent, l’état tunisien sous la pression de difficultés de finances publiques a procédé à une révision totale de son rôle social et économique pour entamer une politique de désengagement qui n’était pas favorable à certaines catégories sociales telles que les personnes âgées vulnérables.
En fonction de ses nouvelles orientations il a adopté une politique sociale dite de rationalisation et de ciblage. Cette politique a profondément influencé la politique d’intervention en faveur de la population âgée vulnérable en mettant l’accent sur le rôle de la famille et du tissu associatif pour subvenir à ses besoins.
C’est par rapport à ces éléments que nous proposons cette intervention, son objectif est d’analyser l’impact des changements socioculturels et démographiques sur la personne âgée tunisienne, de démontrer dans quelles mesures le changement au niveau du rôle de l’état et au niveau des politiques de développement adoptée a influencé les politiques d’intervention sociale en faveur des personnes âgées vulnérables.