L’accompagnement : ruptures et continuités entre pratique et formation

Année : 2009

Thème :

Type :

Auteur(s) :

PENY Bernard (France) – peny.bernard@ireis.org

Résumé :

L'accompagnement en travail social
Le terme recouvre une multitude de pratiques (prise en charge, médiation, tutorat...), qui se déploient en un éventail de configurations: accompagnement social, accompagnement éducatif, voire thérapeutique, pédagogique ou formatif.
Des lois récentes et les conduites ou les réflexions qu'elles inspirent permettent d'isoler trois des dimensions essentielles permettant de caractériser l'accompagnement en travail social: vouloir accompagner quelqu'un suppose de l'inviter, « au centre du travail social ».
En effet, dans cette nouvelle logique, ce ne sont plus la technicité des intervenants ou le projet institutionnel qui instaurent la relation d'aide, mais la personne elle-même, l'usager, caractérisé par son propre projet, si implicite soit-il.
C'est l'explicitation de ce projet qui permet que se noue, entre usagers et services, une relation contractuelle, que l'on qualifie d'accompagnement.
Aborder l'usager par son projet implique que soit d'emblée prise en compte la « globalité » de sa personne, transversale aux logiques d'institution ou de qualification. Parce que le projet singulier personne ne peut se saisir en un seul regard, l'accompagnement se doit d'être multiple, strictement basé sur le partenariat, institutionnel ou inter-institutionnel.
Enfin, il ne peut y avoir d'accompagnement social que si le projet de la personne est orienté vers l'objet central du travail social, c'est-à-dire la conquête de l'autonomie qui ne saurait se construire dans la simple adhésion ou soumission à une logique institutionnelle ou inter-institutionnelle: elle s'exprime aussi dans le refus, la contestation et l'évitement ou, collectivement, dans la dynamique émergente d'autodétermination.
Accompagner s'apprend-il?
Dans ce contexte, on est en droit de se demander dans quelle mesure l'accompagnement peut-il s'apprendre et/ou comment peut-on s'y former.
La réforme récente des principaux diplômes du travail social est sur ce point éclairante. L'étude des nouveaux référentiels d'activité et de compétences révèle un emploi encore ambigu du terme d'accompagnement: tantôt domaine d'activités, tantôt domaine de compétences, mais quasiment jamais compétence proprement dite. Ainsi, en formation, semble-t-il encore délicat de se saisir de cette notion, pourtant centrale: ni activité, ni compétence, le savoir-accompagner peut-il se transmettre ou ne serait-il qu'un « savoir-être » intuitif, nouvel avatar de l'esprit vocationnel des métiers du social?
Qu'en pensent ceux qui sont particulièrement mobilisés dans la formation des futurs professionnels, les «tuteurs référents » chargés sur les « sites qualifiants » d'animer et de garantir la cohérence des dispositifs d'accueil de stagiaires?
L'étude des discours de ces professionnels6 de l'accompagnement permet de vérifier que savoir accompagner peut se transmettre. Pour ce faire, les différents référentiels sont investis comme des contraintes, stimulantes comme inhibantes.
En revanche, investir une posture de formateur soucieux de permettre au stagiaire de construire ses compétences leur permet de revisiter leur propre posture de professionnel accompagnateur.
Et c'est dans cet entre-deux-postures, d'accompagnateur d'un futur accompagnateur, qu'ils repèrent l'espace possible d'une formation à l'accompagnement, borné par ces trois principes: accompagner n'est pas inviter à imiter, mais apprendre mutuellement de la singularité de l'autre accompagner n'est pas enclore dans la logique de son métier ou de son service, mais apprendre à faire des liens entre soi et les autres accompagner n'est pas maîtriser et surveiller, mais apprendre à laisser l'autre apprendre aussi ailleurs.
Ainsi apparaissent trois axes susceptibles de renouveler la formation des travailleurs sociaux, pour un accompagnement formatif des futurs professionnels de l'accompagnement.

Mots clés :


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