L’ingénierie sociale : un concept amphibologique
Année : 2009
Thème :
Type :
Auteur(s) :
ROMAINVILLE Michel (Belgique) – mromainv@ulb.ac.be
Résumé :
Parmi les « décideurs », nombreux sont ceux qui aujourd’hui estiment que le travail social doit s'inscrire dans la logique managériale de l'entreprise et plus largement dans celle du marché. Les notions de client, de service, de prestation, rendent bien compte de la prégnance de cette logique.
Le travail social doit être « purifié ». On le voudrait débarrasser des scories que sont : l’empathie, la relation de confiance, une écoute de qualité, le secret professionnel ou les préceptes déontologiques qui apparaissent manifestement comme des obstacles à la « saine » gestion des organisations.
La logique managériale s’impose aussi au niveau de l’évaluation des actions qui s’opère de plus en plus sur la base de critères quantitatifs qui doivent permettre de mesurer le « rendement » du travail social. Dans un tel contexte on peut se demander quel est le sens de l’apparition au niveau européen de nombreuses filières de formation en ingénierie sociale. Est-ce la réponse technocratique à ce besoin de contingenter et de contrôler l’action sociale ? S’agit-il de former un « ingénieur », super travailleur social capable de gérer l’action sociale en élaborant des solutions clefs en main conformes aux objectifs socioéconomiques du pouvoir ? C’est en tout cas ce que donne à penser la lecture de certains programmes de formation en ingénierie sociale.
A contre-courant de cette vision utilitariste et instrumentale nous pensons, comme Vincent De GAULEJAC que l’ingénierie sociale constitue une voie royale pour la réalisation de projets de développement social fondés sur une dynamique ascendante favorisant des formes d’action individuelle et collective dans une approche coopérative, démocratique et participative.
Cette communication propose d’analyser dans un premier temps les aspects liés à l’ambiguïté sémantique et opérationnelle du modèle « classique » de l’ingénierie sociale.
Dans un second temps, seront envisagées les pistes qui permettent de repositionner le modèle dans une approche socioconstructiviste seule garante d’une véritable participation citoyenne.
Mots clés :
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