Le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités : comment dépasser les paradoxes présents dans les pratiques ?

Année : 2009

Thème :

Type :

Auteur(s) :

CHAMBERLAND Manon (Canada) – manon.chamberland@fse.ulaval.ca

Résumé :

Au cours des dernières années, les pratiques sociales ont fait l’objet de plusieurs critiques et remises en question (McLaughlin, 2003 ; Pozzuto et al., 2004). Ces critiques doivent être replacées dans le contexte socioéconomique et politique plus large dans lequel s’inscrivent les pratiques (Mayer, 2002).
Parmi les changements majeurs qui ont pu exercer une influence dans la pratique quotidienne des intervenants figurent la mondialisation et ses effets sur le marché du travail qui se sont concrètement traduits par une augmentation des demandes de soutien et une baisse des ressources disponibles, pour une partie de la population de plus en plus exposée à la marginalisation socioéconomique (Castel, 2007 ; Chopart, 2000; Paugam, 2004 ; Vilbrod, 2003).
Dans la recherche de propositions alternatives, il est régulièrement suggéré d’accorder une importance particulière à l’empowerment (Spencer, Lewis & Guttiérrez, 2000), terme auquel nous préférons celui de « développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités (DPA)» (Le Bossé, 2004) en raison de son caractère plus précis.
Cette expression réfère au processus par lequel les personnes et les collectivités développent un plus grand contrôle pour ce qui est important pour elles ou leurs proches (Rappaport, 1987).
Malgré les principes généraux énoncés dans la littérature pour guider les pratiques selon cette approche, il semble que leur mise en œuvre révèle des paradoxes, tant en ce qui a trait aux conditions d’exercice des intervenants (Leveridge, 2002 ; Oudshoorn, 2005) qu’en ce qui concerne leur posture professionnelle (Bay-Cheng & al., 2006 ; Boehm & Staples, 2005; Leung, 2005). Il est possible d’appréhender ces paradoxes à partir des concepts de « pouvoir », de « savoir » et « d’action ».
Ces paradoxes posent plus particulièrement la question de la viabilité pratique d’une approche centrée sur le DPA  et conséquemment des éléments qui devraient être intégrés à la formation des intervenants qui souhaiteraient orienter leur pratique dans cette direction.
Pour dégager des éléments de réponse à ces questions, plusieurs auteurs suggèrent de s’intéresser à l’expertise expérientielle développée par les personnes accompagnées et les intervenants, car la complexité des situations dans lesquelles ils sont impliqués peut favoriser le développement de savoirs qui ne sont pas toujours formalisés (Lloydd, 2007 ; Lysack, 2004 ; Sakamoto & Pitner, 2005). Afin d’avoir accès à ces savoirs, il est notamment suggéré de recourir à la pratique réflexive (Bourassa, Serre et Ross, 1999; Payne, 2002; Racine, 2000) dans le but de comprendre comment les intervenants et les personnes accompagnées qui oeuvrent au développement de leur pouvoir d’agir co-construisent la définition du problème et des solutions envisageables.
Pour illustrer ce processus, nous décrirons la méthode des « analyses en actes » utilisée dans le cadre de la supervision d’intervenants.

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