HACHEM SAMII Yahyâ (Belgique)

L'exposé présentera les premiers résultats analytiques d'un travail d'observation de 8 mois effectué en 2008 dans le cadre d'une thèse de criminologie consacrée au travail social parajudiciaire des assistants de justice en Belgique. On y verra comment ceux-ci se débrouillent pour gérer les contradictions entre les objectifs annoncés d'une part et les contraintes de la réalité d'autre part.
Les objectifs annoncés balaient les champs de la réinsertion sociale, du contrôle et de l'efficacité gestionnaire. Dans un contexte de rationalisation des services parajudiciaires, confrontés à une double autorité (le Ministère de la Justice et les magistrats), les assistants de justice doivent traiter une population de plus en plus précarisée, gérer des situations sans issue, donner du grain à moudre à leurs autorités et veiller en même temps à éviter la récidive de leurs « clients ». De tout cela découlent différents positionnements des assistants de justice, variant selon la mission dont ils s'occupent, leur parcours antérieur et leurs affiliations idéologiques.
Un exemple tient dans la variété des avis quant à jusqu'où aller dans la vie privée des personnes suivies. Le choix de la portée de l'intervention renvoie à la question du sens de celle-ci et fait l'objet de discussions à tous les niveaux de l'institution. L'exposé présentera ces éléments et dégagera une première estimation de la marge de manoeuvre des intervenants ainsi que certains des enseignements qu'on peut en tirer pour analyser plus largement le travail social aujourd'hui.