Les référentiels professionnels entre fiction et réalité, un outil technique au service de la formation ou un levier politique au service d’un projet

Année : 2009

Thème :

Type :

Auteur(s) :

GUILLOPE-DEPLECHIN Nicole (France) – nicole.gd@orange.fr
PACAUD Cécile (France) – cecile.pacaud@irts-bretagne.fr

Résumé :

En France les référentiels professionnels sont généralement présentés comme le produit d'une démarche rigoureuse de décryptage des activités d'une profession, puis de l'émergence des compétences requises pour les mener à bien. Dans la réalité, l'élaboration des référentiels prend en compte d'autres données que ces descriptions. Ils témoignent également de l'orientation que l'on souhaite donner à l'évolution de la profession décrite et du compromis qui s'établit entre les forces influentes en présence lors de la démarche de construction du référentiel.
A cet égard, il convient de rappeler que la logique des compétences, après avoir gagné le champ de l'entreprise, est actuellement au cœur des dispositifs de formation des travailleurs sociaux de demain. La pénétration de cette logique dans le champ du travail social n'est pas sans lien avec les profondes mutations qui l'affectent depuis les années 1980.
Confronté à de nouvelles problématiques sociales et à des besoins croissants, un certain nombre de questions se posent quant à la lisibilité et l'efficience de l'action menée par les travailleurs sociaux, appelés à repositionner leur fonction qui se complexifie, à renouveler leurs pratiques, à développer d'autres modes d'intervention et par la même à s'inscrire dans de nouveaux modèles d'action.
Les référentiels sont donc aussi le résultat d'une démarche prospective sur ce que sera le métier dans le futur, voire d'une démarche prescriptive c'est-à-dire le produit de ce que ses promoteurs souhaitent qu'il devienne. Il s'ensuit un écart possible et tangible entre le référentiel d'une profession, d'un métier à un temps T et son exercice sur le terrain au même moment. Ceci introduit une tension qui se veut productrice d'un changement, d'évolutions dans lesquels les centres de formation sont fortement responsabilisés.
Pour enthousiasmante que soit cette responsabilité si l'on adhère à ce changement, elle n'en est pas moins une source de distance, voir de désaccord entre le centre de formation et le terrain professionnel.
La différence entre les «modèles » abordés en centre de formation et les compétences mises en œuvre sur le terrain ont toujours existé et jouent un rôle pédagogique d'interrogation réciproque, mais l'écart supplémentaire induit par une évolution de référentiel professionnel exige une attention soutenue pour l'alternance qui doit permettre que se construisent des compétences autres que celles qui sont mises en œuvre par les professionnels de terrain. Ceci ne représente pas en soi de difficultés majeures, mais l'identification professionnelle qui prend appui sur l'alternance peut s'en trouver compliquée, mais enrichie par cette situation de tension entre référentiel et pratiques actuelles.
Ainsi, observons nous que le rôle pédagogique d'interrogation réciproque peut aboutir à une forme « d'inversion » de la relation pédagogique en ce que les formateurs terrain attendent des étudiants, force de proposition concernant la mise en œuvre d'actions, la transmission de repères méthodologiques pour pouvoir les accompagner dans leur projet de formation et enrichir leurs pratiques propres.

Mots clés :


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