DOUCET Marie-Chantal (France)

Ce texte cherche à cerner ce qui pourrait constituer le cadre théorique d’une recherche sur l’épistémologie implicite des intervenants en travail social. La notion d’implicite concerne une connaissance inscrite dans l’action sans qu’elle ne soit énoncée formellement.
En effet, la nature du travail social est à interroger à partir d’une théorie de la connaissance de l’action. On pose la nécessité d’une recherche et d’un enseignement faisant le lien entre l’expérience sociale des praticiens qui renouvelle sans cesse la connaissance et le savoir académique, dépassant en cela l’habituelle rupture entre pratique et théorie. Trois problèmes ont des répercussions majeures sur la formation et la pratique :
1- Le problème professionnel et disciplinaire
2- Le problème de l’ordre social;
3- Le problème de l’articulation individu/société.
Cette incursion ne prétend pas faire le tour de ces questions mais d’y voir des exemples de problèmes dont les vecteurs s’enchevêtrent plus que de raison dans la pratique. Ainsi les délimitations disciplinaires sont loin d’être claires dans la pratique de tous les jours, de même que le rapport à l’ordre social. La question de l’individu dépasse aussi ce qu’une psychologie peut en dire et a beaucoup plus à voir avec une  porosité du psychique et du social. Cette perspective puise à deux sources :
1- Une sociologie compréhensive qui appréhende le social à partir des actions réciproques et l’idée d’une ontologie de la sociabilité à la base de l’intervention;
2- Une sociologie pragmatique qui cherche comment les formes sociales produites dans l’intervention reconfigurent la connaissance.
On revoit donc l’idée d’une hiérarchie des savoirs. Le quotidien des intervenants est fait d’activités mentales; chaque geste et chaque mot est lié à une conscience.