Référentiel et pratiques professionnelles en intervention sociale, le cas des technicien(e)s d'intervention sociale et familiale en France

Année : 2009

Thème :

Type :

Auteur(s) :

TILLARD Bernadette (France) – bernadette.tillard@free.fr

Résumé :

Le 25 avril 2006 est paru au bulletin officiel l'Arrêté relatif au diplôme d'Etat de technicien de l'intervention sociale et familiale complété en annexe par le référentiel de compétences et de certification.
Nous souhaitons dans cette contribution comparer les compétences présentées dans le décret avec celles énoncées à l'occasion d'entretiens avec les associations employant des TISF, avec des TISF et avec des familles dans le cadre d'une étude ethnographique menée dans le Nord de la France.
Bernard Ray définit la compétence comme un système de connaissances, conceptuelles et procédurales, organisées en schémas opératoires et qui permettent, à l'intention d'une famille de situations, l’identification d'une tâche-problème et sa résolution par une action efficace. Nous constatons que l'explicitation des compétences a l'avantage de décrire les tâches ou les problèmes à résoudre, mais qu'elle ne rend pas compte des savoir-faire professionnels. L'inventaire des compétences ne prend pas en considération le « comment ».. Comment exercer le métier pour que l'action soit possible, voire efficace ?
Dans le contexte d'une intervention négociée dans un rapport inégal entre les familles et les travailleurs sociaux, le savoir-faire relationnel nous semble un élément essentiel que l’étude ethnographique permet d'appréhender. Le référentiel, comme la plupart des référentiels, et les compétences explicitées sont de nature variées.
Cet ensemble inhomogène ressemble à une liste à la Prévert où les questions d'achats alimentaires sont traités au même niveau d'importance que l'accompagnement à la fin de vie. Par ailleurs, ils sont énoncés comme des objectifs à atteindre par la formation et à mettre au service de l'exercice professionnel, mais aucun élément ne permet de savoir comment former en ayant ces objectifs en ligne de mire, ni comment faire avec les familles pour agir dans le quotidien des familles.
Du point de vue des familles , elles attendent un peu de complicité dans une relation simple, joviale, sur un pied d’égalité, dans laquelle la TISF s'intéresse à la famille plus qu'à elle-même.
Elles sont dans l'attente d'une relation quotidienne dans laquelle la professionnelle serait accessible et chaque fois que possible la relation ne s'inscrirait pas uniquement dans le registre de la prescription de la travailleuse familiale à l’égard de la famille.
Du point de vue des TISF : en premier lieu, ce sont des qualités relationnelles qui sont énoncées. « Il faut être disponible, il faut être beaucoup à l’écoute. Ne pas imposer un avis de but en blanc, aimer son métier, aimer la relation, s'adapter au public, se remettre en question ».
Certes les savoirs opérationnels ne sont pas oubliés, mais après les compétences relationnelles, les objectifs de vie d’équipe et les capacités d'observation et de diagnostic sont davantage recherchées.
Du point de vue des cadres : pour les associations, principaux employeurs des TISF, les qualités de l'observation au service d’un diagnostic sont citées en premier lieu afin d'être mises au service d'un ajustement de la prestation aux besoins de la famille.

Bien entendu, on retrouve les questions en rapport avec les qualités humaines et la position par rapport à la famille, mais elles sont énoncées dans un second temps. Les savoir-faire opérationnels sont considérés comme acquis par la formation et ne posant généralement pas de problème. Sans être aux antipodes les uns des autres, le référentiel et les différents points de vue ne mettent pas l'accent sur les mêmes aspects de la profession.
Ces résultats seront discutés à la lumière de travaux québécois qui se sont intéressés aux qualités attendues des professionnels et des bénévoles (ou aidant naturels) intervenant à domicile de personnes ayant besoin d'aide pour des raisons sociales ou médicales. (Gagnon & coll.) et de travaux anthropologiques portant sur les relations entre familles et professionnel(le)s (Weber, Zelizer)

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