KOUOKAM Estelle (Cameroun) – esthelka@yahoo.com

Aujourd’hui dans les pays d’Afrique Subsaharienne, le personnel de santé est en nombre insuffisant au regard de la demande en santé. L’épidémie du sida vient mettre à l’épreuve le système de santé notamment sa capacité à réagir. C’est pour cette raison que des personnes sont formées au suivi psychosocial des personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Dans le cadre de la prévention de la transmission de la mère à l’enfant du sida l’intervention des agents de relais communautaires (ARC) est d’autant plus importante que contrairement à l’ensemble du Cameroun où 95% des femmes font des consultations prénatales pendant la grossesse seuls 59% des femmes de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun se rendent dans les structures sanitaires (EDS, 2004). En outre 73,6% accouchent à domicile, situation qui rend difficile l’intervention du personnel de santé ainsi dans ce contexte caractérisé par une fréquentation relativement faible des structures de soins par les femmes enceintes, l’intervention d’agents formés dans les communautés devient une nécessité pour la prise en charge adéquate des femmes enceintes séropositives.
A partir d’une étude réalisée dans l’Extrême-Nord du Cameroun en août 2012 dans le cadre du projet « Acteurs, éthiques et enjeux autour de la prévention de la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant (PTME) au Cameroun » soutenu par la Fondation de France, cette communication vise à mettre en évidence les enjeux sociaux et professionnels la transmission de savoirs spécialisés de la médecine et la psychologie aux personnes considérées comme profanes. D’autres termes, il s’agit d’analyser et de comprendre la transmission des savoirs comme un processus interactif qui met en scène d’une part les experts chargés de transmettre le savoir et d’autre part les agents qui à leur tour développent une expertise endogène résultant de leurs expériences de patients et d'usagers du système de santé. Notre communication repose sur l'hypothèse selon laquelle dans un contexte de faibles ressources humaines dans le domaine du travail social et de la médecine, les trajectoires professionnelles hétéroclites des agents de relais communautaires contribuent à une réappropriation locale du savoir transmis. Ce savoir est au cœur des enjeux de professionnalisation du personnel non médical dans la prise en charge des PVVIH dans l’Extrême-Nord du Cameroun.
Ce travail est structuré en trois parties : la première partie est porte sur le contexte de l’introduction des non-professionnels dans le cadre de la prise en charge psycho-sociale des PVVIH, en deuxième lieu nous nous intéresserons à la collaboration entre le personnel de santé et les agents de relais communautaires et en troisième lieu il sera question d’une évaluation de la contribution du personnel médical et des agents de relais communautaires à travers l’idée de la construction de nouvelles identités professionnelles.

Subsidiarité, Transfert des connaissances, Solidarité de proximité