Recherche-action et formation à l'intervention sociale

Année : 2012

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

DUMONT Jean-Frédéric (France) – jfdumont@msn.com

Résumé :

L’enjeu des formations éducatives par alternance à l'intervention sociale réside essentiellement dans une démarche pédagogique, visant à permettre aux stagiaires de dépasser la simple juxtaposition des connaissances acquises dans le champ théorique, et des compétences développées dans celui de la pratique, pour parvenir à une réelle articulation.

Depuis de nombreuses années déjà, nous faisons, au CFTS La Rouatière, le pari de la recherche-action. Ce pari implique d’envisager les éducateurs en formation comme des praticiens-chercheurs se formant à la recherche et par la recherche.
L'expression recherche-action a longtemps été scandaleuse, dans la mesure où l'on se méfie de la subjectivité, et où l’objectivité, […] valeur prioritaire, primée, privilégiée, (ARDOINO, J. 2003, p. 41) ne semble pas devoir s’accommoder du fait que le praticien-chercheur doive souvent s’asseoir pour se regarder marcher, afin d’expliciter, d’expliquer, de déplier et de mettre à plat son implication… Le praticien-chercheur n'est donc pas à moitié praticien et à moitié chercheur, tantôt l'un ou l'autre; il est les deux à la fois, le tout étant irrémédiablement autre que la somme des parties… C’est un hybride, en recherche permanente d’un équilibre entre ces deux pôles d’attraction. L’un est irréductible à l’autre.
Or, c’est bien dans cette posture d’observateur impliqué, qu’une reliance va pouvoir s’opérer entre praticien et chercheur… Si la relation dialogique qu’ils entretiennent est irréductible, cela ne veut pas dire que les positions et les postures soient confondues. La dissociation de chacun des termes de cette relation est en effet la condition sine qua non de l’existence et de la pérennité de leur articulation. Il convient donc d'opérer une différenciation des postures, et donc des observations, dans la mesure où ce qu’observe le praticien n’est pas le même objet que celui observé par le chercheur. Ainsi: le muscle qu’observe un physiologiste est un autre objet de connaissance que la pièce de bœuf que tâte mon boucher. (BEAUVOIS, J.-L., 1994)
Ainsi, l’objet pratique éducative est-il différent selon que l’on se place du côté de l’action et de la praxis, ou de celui de l’activité scientifique basée sur l’articulation des corpus théorique et empirique. A observations différentes, discours dissemblables.
Nous rejoindrons ici, M. BATAILLE, pour qui, [...] de même que le praticien n'a rien à dire à la recherche, sauf lui poser des questions, de même le chercheur n'a rien à dire à la pratique, sauf lui fournir les réponses demandées. La seule reliance qui se justifie est donc celle qui optimise la communication dans le rapport question/réponse, à condition de reconnaître que ni le chercheur ni le praticien n'ont à céder leur place, mais à faire l'effort de se mettre à la place l'un de l'autre méthodologiquement.

Méthodologiquement, nous verrons dans cette communication, à partir d'une analyse de discours réalisée avec le logiciel IRAMUTEQ, comment l’éducateur en formation, en tant que praticien-chercheur, dans la dynamique de l'alternance, se forme à la recherche et par la recherche dans un mouvement où chacun tente d’apprendre de l’autre dans la dynamique de recherche-action-formation.

Mots clés :

Recherche-action, Apprentissage en alternance, Co-construction

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