Le statut des connaissances dans la recherche-action.
Année : 2012
Thème : La recherche action entre savoir critique et accompagnement au changement
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
BLONDEL Frédéric (France) – frederic.blondel1@orange.fr
Résumé :
La présente communication propose de mettre en évidence l’intérêt des méthodologies utilisées dans les dispositifs d’intervention du type recherche-action et apparentés, tels la formation-action ou encore l’accompagnement au changement dans les organisations.
Nous voudrions montrer, d‘une part, que les méthodologies utilisées (qualitatives, participatives, cliniques, d’observation participantes) conditionnent la nature et les contenus de la connaissance produite et d’autre part, que le croisement de certaines d’entre elles permet d’élaborer un savoir du type objectif sur l’objet étudié et pour partie un savoir subjectif sur les pratiques singulières des participants de la recherche-action ou du dispositif de formation action. Le type de savoir objectif valant au-delà des participants à la recherche alors que le type de savoir subjectif, vaut pour les participants en tant qu’il est éminemment finalisé à partir de leurs préoccupations et constitué à travers leur expérience de la recherche. Nous montrerons, en nous appuyant plus particulièrement sur l’approche clinique, en quoi ces méthodologies participent à la construction de connaissances scientifiques positives et critiques dans le champ de la recherche en sociologie. Puis, s’agissant d’éclairer les dimensions de l’action (qu’est-ce qu’agir dans le cadre de la recherche-action ?), nous discuterons que l’épistémologie de la recherche-action se fonde sur une conception (théorique et empirique) humaniste du « sujet », conception qui tente de penser les conditions sociales et méthodologique de l’élaboration d’un savoir émancipateur pour le sujet.
Si l’objet de la recherche-action vise bien « à favoriser la participation et l’implication des acteurs-sujets dans l’analyse de leurs problèmes et la recherche d’issues possibles » (Amado et Lévy, 2001), nous dégagerons l’intérêt d’utiliser la notion d’ « espace transitionnel » de Winnicott (Jeu et réalité, 1964) pour cerner les conditions de la co-production du savoir entre les « sujets » impliqués dans le processus de recherche et les chercheurs (qui sont aussi des « sujets » à part entière) et éclairer en quoi la conversion de cette notion en méthode de recherche permet d’exercer une rupture épistémologique à même de permettre aux « sujets » de « découvrir » ce qu’ils savaient sans le savoir, et ce qu’ils ne savaient alors qu’ils pensaient savoir.
Notre intérêt se centre donc sur l’étude de l’espace transitionnel collectif, dans la mesure où il permet la confrontation, et qu’il est un lieu privilégié (sans être le seul) de vigilance.
Il permet, en effet, de progresser dans l’analyse clinique (ou qualitative) en passant successivement par le regard posé sur l’observé, puis sur la relation entre l’observateur et l’observé, enfin sur l’observateur lui-même. ( Houle, G, et coll., 1993) « C’est une démarche qui consiste à capter la résonance entre l’intérieur et l’extérieur, l’écho qui focalisera l’attention » (Houle, ibid., p. 45). Cette démarche consistant, de soi à soi, à se déplacer dans l’espace des points de vue multiplie les sens que peut prendre le matériel. Stabiliser un sens dans la durée passe par un intense travail de compréhension de la position d’autrui et de ce qu’elle évoque chez le chercheur. L’espace collectif, dans la mesure où il facilite l’interpellation réciproque des participants, facilite le travail sur ses propres commentaires. Il permet également de s’interroger sur la réception du sens et sur la fabrication d’un sens sur le sens construit par autrui. Ce travail réflexif sur sa propre subjectivité qui bien souvent vient recouvrir le sens du matériau, permet enfin de découvrir, dans l’espace d’une « subjectivité disciplinée », (Bateson G., 1989), le matériau pour ce qu’il veut exprimer, et ce que la subjectivité en fait.
Mots clés :
Épistémologie, Acteurs, Recherche-action
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