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Des pratiques scripturales et des objets textuels en mutation

Année : 2012

Thème : Vers la construction de savoirs et de savoir-faire nouveaux en travail social ?

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

CROGNIER Philippe (France) – philippe.crognier@apradis.eu

Résumé :



La place et l’importance de l’écriture en travail social ne semblent plus guère à démontrer et nous avons déjà eu l’occasion de poser par ailleurs que l’écriture des pratiques et la pratique des écrits en institution sont constitutives du travail social. Sous cet angle, l’écriture serait à considérer comme faisant « partie intégrante des pratiques quotidiennes et comme susceptible de les structurer, de les analyser et de leur donner du sens » (Crognier, 2011, p. 19).
Pour autant, depuis la RGPP jusqu’à la loi HPST, en passant bien entendu par la loi dite de Modernisation sociale, le travail social n’a cessé de muter, tant sur le fond que sur la forme. En ce sens, force est de constater qu’il se trouve aujourd’hui traversé par un « nouveau vocable », assez paradoxalement importé du secteur marchand, libéral. Ainsi, des termes comme « management », « démarche qualité », « évaluation(s) », « appels à projets », « traçabilité », « performance », « bonnes pratiques », « opérateurs »… se sont immiscés dans le champ du travail social et médico-social et n’ont cessé de s’y répandre.
L’apparition de ce vocable est concomitante avec de nouvelles réalités économiques et sociales et avec des exigences accrues de la part des instances de contrôle et de tarification, le tout inscrit dans une politique dite « d’économie » déclinée selon une logique de restrictions budgétaires. Mais parallèlement à cela, il convient de remarquer que ce vocable est intimement lié à des pratiques scripturales relativement nouvelles, elles-mêmes associées à la production d’objets textuels singuliers qui, eux aussi, ont pénétré progressivement le champ social et médico-social : les documents de mise en concurrence pour ce qui est du recrutement des cabinets officiant dans le cadre de l’évaluation externe, les référentiels d’évaluation interne et de bonnes pratiques professionnelles, les réponses à des appels à projets, les procédures et plans d’action de tout ordre, les grilles utilisées dans le cadre des entretiens annuels d’évaluation…
Ces « objets textuels » ont été élaborés pour accompagner la mutation du travail social ; mutation orientée vers toujours plus de qualité, de performance, de traçabilité… C’est du moins l’hypothèse que l’on peut poser.

Cette communication a pour objectifs d’appréhender la ou les réalité(s) qui s’impose(nt) aujourd’hui dans ce champ professionnel et de tenter d’analyser en quoi les « nouveaux » supports d’écriture et de lecture en usage au quotidien, et les pratiques scripturales qui leur sont associées, permettent (ou non) de produire des connaissances visant à optimiser les pratiques et les organisations mises en place dans les associations. Ces « bénéfices », dont les connaissances seraient la source, devraient en toute logique profiter in fine à l’ensemble des acteurs du travail social et, au premier plan, aux usagers. C’est du moins une deuxième hypothèse que l’on peut poser.

Mots clés :

Épistémologie, Savoirs, Compétence, pratiques scripturales ; heuristique ; écrits professionnels ; champ lexical ; qualité

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