La recherche-action collaborative ou comment produire des connaissances composites
Année : 2012
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
DOUCET Marie-Chantal (Canada) – doucet.marie-chantal@uqam.ca
DUMAIS Lucie (Canada) – dumais.lucie@uqam.ca
Résumé :
Cette communication présentera quelques pistes théoriques et méthodologiques autour des pratiques de recherches-actions collaboratives (RAC) en mettant en relief la problématique de la construction sociale de la connaissance. Deux recherches engageant des types d’acteurs distincts seront examinées à titre d’illustrations pour ces mises en questionnement. Une recherche dite « recherche en partenariat » s’est faite avec des leaders d’organisations d’un quartier et avait pour but de relire l’histoire de l’action communautaire locale et d’évaluer ses retombées actuelles sur l’amélioration des conditions de vie des immigrants. Une autre recherche sur les pratiques d’intervention sociale en déficience visuelle poursuivait l’objectif de définir la place et la spécificité du service social d’un institut de réadaptation. Ces types de travaux portant sur les savoirs des praticiens, militants d’une part et professionnels d’autre part, engagent deux registres de réflexions sur l’action : un premier niveau s’intéresse à la construction des savoirs pour l’action et porte donc sur le développement des agirs en fonction d’une transformation organisationnelle ou sociale ; tandis que le second, interrogeant la recherche prise pour elle-même, se concentre sur la construction des savoirs au sens large et pose un certains nombres de problèmes d’ordre épistémologique.
Nous nous pencherons sur ce deuxième point mettant ainsi l’accent sur les questions 3 et 4 de l’appel de propositions. Notre réflexion ne fera toutefois pas complètement l’impasse sur les deux autres questions puisque seront exposées les méthodes mises en œuvre dans ces recherches et en seront présentés les acteurs, dont les logiques d’action ne sont pas forcément les mêmes. Suite à une brève description des deux cas concrets, nous nous engagerons dans un dialogue réflexif sur la recherche.
La RAC interpelle directement les acteurs de terrain en considérant la distinction fondamentale entre savoir théorique et savoir pratique mais aussi la complémentarité de ces formes de savoir. Cependant, cette complémentarité n’exclut pas certaines interrogations qui concernent précisément la mise en relation de ces zones de savoir.
Une réflexion épistémologique sur la RAC permettra de se prémunir contre certains extrémismes, qu’ils se situent du côté du rationalisme comme du côté de la pensée contextualiste. En effet, le savoir théorique qui s’inscrit dans le rationalisme est susceptible d’universalisation mais il y a risque de tant se détacher de ses objets qu’il en perd sa capacité d’usage. Par ailleurs, le savoir pratique contribue aux connaissances en produisant un savoir local et contextualisé. Sa limite cette fois sera justement de manquer de vue d’ensemble en se situant dans le cas par cas, se privant par là des possibilités d’une montée en généralisation dont on puisse faire usage dans d’autres situations. Nous avançons tout de même que ce qui fait problème aujourd’hui ne se trouve pas dans l’excès théorique mais bien plutôt dans une multitude de gestes, de décisions et de pratiques sans théorisation. Si nous prenons nos distances par rapport aux grands récits théoriques, il ne s’agirait pas pour nous de poser le savoir pratique en nouveau savoir idéal. Si les sciences sociales veulent se rapprocher de la recherche appliquée, elles doivent se retrouver une place adéquate entre universalité et contextualité, entre le général et le particulier, et recomposer les connaissances entre le savoir théorique et le savoir pratique. C’est pourquoi, il n’est pas question de rejeter ce qu’une vue d’ensemble apporte à la connaissance tout comme il est nécessaire de reconnaître la pratique en tant que savoir. Nous situant d’emblée du point de vue de la connaissance, nous chercherons à saisir comment peuvent s’établir les liens entre ces deux zones de savoir et comment la RAC contribue à la construction de la connaissance.
Mots clés :
Épistémologie, Savoirs, Recherche-action
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