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PAWLOFF Stéphane (France) – pawloff.stephane@neuf.fr
FOURNIER Jennifer (France)
JEANNE Yves (France)

Proposition de communication

Le projet débute dans le cadre d’une recherche de thèse en sciences de l’éducation portant sur la vie intime, amoureuse et sexuelle des personnes en situation de handicap et sur la perception de ces dimensions par les professionnels concernés par leur accompagnement. Le chercheur sollicite un analyste pour envisager sa participation, comme observateur, à un groupe d’analyse des pratiques professionnelles afin de recueillir les discours élaborés collectivement en séance. Après que le superviseur ait présenté la recherche et obtenu l’accord de chaque membre de l’équipe, que le chercheur ait obtenu celui des responsables de l’institution, il intègre les séances de supervision. A l’issue de cette expérience de neuf mois, l’analyste constate des changements qui portent sur ce dont parlent les participants, sur ceux à propos desquels ils parlent et sur la façon dont ils se parlent. La présente contribution se propose de mettre en lumière la nature et la portée de ces transformations pour chacun des protagonistes de l’expérience : professionnels, analyste, chercheur.

Le discours des professionnels participant aux séances d’analyse des pratiques, recueilli sous la forme d’entretiens enregistrés auprès de l’ensemble des participants, met en lumière deux éléments essentiels relatifs aux changements produits par la présence du chercheur pendant les séances.
Le premier concerne l’attention qu’ils portent, dans le cadre de leur pratique auprès des personnes en situation de handicap, aux faits et discours relatifs à la vie amoureuse et sexuelle. Elle génère une ouverture réflexive aux aspirations des bénéficiaires et une sensibilité accrue à ce qui les entrave.
Le second concerne le fait que le chercheur, par l'attention qu'il porte aux discours des professionnels, témoigne que leurs savoirs sont susceptibles de contribuer à la construction d’une connaissance scientifique. Il s’en suit des effets de reconnaissance (au sens que lui attribue Axel Honneth) favorables au développement de nouveaux jeux d’acteurs dans le cadre institutionnel.

Pour l’analyste, les changements sont repérables dans quatre directions.
Le travail préalable à l’introduction du chercheur a réactivé le circuit institutionnel de discursivité, relativement à la frontière de confidentialité entre intériorité et extériorité du groupe.
La présence du chercheur a également contribué à faire émerger, dans les discours des professionnels, les problématiques de l’altérité.
Elle a participé à la réorganisation des rapports transférentiels des professionnels entre eux et avec l’analyste.
Cette présence et les discussions entre l’analyste et le chercheur ont contribué à soutenir le travail de supervision du superviseur.

Le chercheur, quant à lui, constate l’apparition de nouveaux contenus de recherche. Il accède notamment à des discours concernant la relation éducative et ses enjeux pour les professionnels ; ceci recontextualisant son objet dans une complexité qu’il est mieux en mesure d’appréhender.
De plus, les élaborations du superviseur au cours des séances et les échanges post-séance avec lui étendent les perspectives théoriques susceptibles de contribuer à une intelligibilité plus fine des postures professionnelles. Ils fournissent également de nouveaux éclairages sur l’objet de la recherche.
Il repère ensuite un enrichissement du matériel de recherche en ayant accès aux processus réflexifs des professionnels et non simplement aux discours, issus des entretiens, moins référés à leur engagement dans la pratique.
Enfin, il découvre les effets de l’immersion qui engagent sa recherche dans une perspective davantage compréhensive qu’explicative, atténuant notamment son jugement par un bouleversement de son système de représentations jusque-là construit par l’analyse des discours issus des entretiens.

Secteur socio-éducatif, Acteurs, Changement, Chercheur Superviseur Analyse des pratiques