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Repenser l'intégration dans la collectivité des personnes vivant avec des problèmes de santé mentale importants.

Année : 2012

Thème : Pour une démarche citoyenne de réflexion et d'action

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

POIREL Marie-Laurence (Canada) – marie-laurence.poirel@umontreal.ca

Résumé :

Dans la société québécoise contemporaine comme plus largement en Occident, les personnes vivant avec des problèmes de santé mentale importants comptent parmi les plus touchées par la marginalisation sociale. Les formes de mise à l’écart de ces personnes ont incontestablement beaucoup évolué au fil du temps. À l’exclusion au sens strict telle qu’elle a été emblématiquement actualisée dans l’expérience asilaire, ont succédé d’autres formes de prise en charge sociale des troubles mentaux, plus conformes à l’évolution des mentalités. Mais si les politiques et les programmes en santé mentale évoquent désormais le projet d’une ré-intégration dans la collectivité des personnes vivant avec des problèmes de santé mentale importants, voire d’une « participation active à la vie en société » (MSSS, 2005 : 11), force est de constater que, pour beaucoup d’entre elles, ces personnes vivent dans la collectivité sans en faire vraiment partie. Ce type de constat appelle une conception plus complexe et plus problématisée de l’intégration dans la collectivité et des conditions qu’elle suppose que l’usage qui en est couramment fait.

Par ailleurs, derrière le consensus qui tend à entourer la visée d’intégration dans la collectivité des personnes vivant avec des problèmes de santé mentale importants, on retrouve dans la littérature scientifique des discours contrastés, qui s’articulent largement autour de trois positions. Pour les uns, l’idée d’intégration réfère à une conception normalisante de l’intégration à travers la participation aux circuits réguliers des échanges sociaux, en particulier au travail (Davidson, 2005). Pour les autres, la référence à la notion d’intégration prend une signification plus large qui intègre la possibilité d’autres types d’expériences, notamment comme « retrait positif » (Corin, 2002). D’autres encore se réfèrent à une compréhension plus politique qui en appelle à une réelle participation citoyenne et à la responsabilité de la société face à l’inclusion des groupes marginalisés (Ware et al, 2006). Des recherches antérieures dans des milieux de pratique en santé mentale du Québec nous donnent des indications selon lesquelles on retrouverait dans ces milieux des représentations différentes de l’intégration dans la collectivité des personnes vivant avec des problèmes de santé mentale importants, des représentations auxquelles seraient associées des valeurs différentes.

Une démarche de recherche participative en cours vise à contribuer à un renouvellement des savoirs sur l’intégration dans la collectivité des personnes vivant avec des problèmes de santé mentale importants qui prenne en compte la responsabilité collective, la complexité et la diversité des phénomènes impliqués, la singularité des trajectoires individuelles et l’expérience de différents acteurs. Avec pour horizon le développement d’un savoir élargi sur la question de l’intégration et des conditions qu’elle suppose qui puisse être reprise dans les programmes et les interventions, cette recherche met à contribution des représentations et des savoirs d’expérience issus de différents milieux de pratique en santé mentale et de différents acteurs, des personnes usagères, des intervenants et des gestionnaires. Cette recherche s’inscrit dans un programme d’Actions concertées sur la pauvreté et l’exclusion sociale du Fonds de recherche Société et culture du Québec, en partenariat avec le ministère de la Santé et des Services sociaux et le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale.

Dans la perspective d’une contribution au renouvellement des savoirs sur l’intégration, notre communication présentera les grandes lignes des perspectives théoriques et du processus de cette recherche ainsi que les résultats qui se dégagent d’une première étape d’analyse et de croisement des perspectives de différents acteurs d’une diversité de milieux de pratiques en santé mentale, institutionnels et associatifs, en contexte urbain et semi-urbain.

Mots clés :

Insertion, Santé mentale, Savoirs

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