Les rôles masculins, la détresse psychologique et la résilience chez les agriculteurs québécois.

Année : 2010

Thème : Le travail social rural et l'intervention auprès des clientèles masculines, un pont à construire?

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

ROY Philippe (Canada) – philippe.roy5@usherbrooke.ca

Résumé :

Cette présentation est basée sur une recherche doctorale en cours sur l’implication des rôles masculins dans la détresse psychologique et la résilience chez les agriculteurs québécois.


État de la problématique :

Les études épidémiologiques réalisées dans plusieurs pays industrialisés indiquent que les hommes ruraux ont des taux de suicide trois à cinq fois plus élevés que les moyennes nationales (Courtenay, 2006). Les statistiques canadiennes récentes révèlent que les agriculteurs connaissent des taux de suicide une fois et demi plus forts et des taux de détresse psychologique deux fois et demi plus forts que la population générale (Lafleur et Allard, 2006). Par ailleurs, les agriculteurs qui vivent de la détresse psychologique élevée utilisent moins souvent les services de santé mentale que la population générale qui vit le même niveau de détresse. Malgré ce portrait préoccupant, les agriculteurs possèdent aussi des forces et des capacités qui agissent en tant que facteurs de résilience, comme le soutien social et le sentiment d’appartenance (McLaren et Challis, 2009). Sur le plan des réponses sociales, la santé mentale des agriculteurs (et des hommes ruraux en général) demeure un sujet encore peu visible dans la recherche, l’intervention et la formation. Toutefois, il faut souligner les initiatives d’intervention qui sont mises sur pied par le milieu associatif, comme les programmes de prévention de la détresse et du suicide chez les agriculteurs. Celles-ci ciblent particulièrement les hommes puisque ces derniers représentent les deux tiers de la main-d’œuvre agricole et les trois quarts des décès par suicide.


Orientations de recherche et de pratique :

On observe un besoin de mieux lier les connaissances issues de l’intervention psychosociale auprès des hommes (Tremblay et L’heureux, 2009) et le travail social rural (Cheers et Pugh, 2010). Le projet de thèse vise à mieux comprendre comment les rôles masculins sont impliqués dans le rétablissement de la détresse psychologique chez les agriculteurs. Les pistes de compréhension qui découlent de la recension des écrits sont intégrées dans un modèle hypothétique en trois stades : le stade clinique, le stade sociocognitif et le stade comportemental. Le projet de recherche est caractérisé par un équilibre entre l'étude de la problématique (pathogène) et l'étude des capacités (salutogène). Cette position propose une vision plus nuancée des masculinités et se trouve ainsi mieux placée pour comprendre et intervenir positivement auprès des hommes (Macdonald, 2005).


Pertinence pour l’AIFRIS :

Il est bien connu depuis longtemps que les taux de suicide de plusieurs pays tendent à être plus élevés en milieu rural qu’en milieu urbain. Les transformations de l’agriculture (mondialisation, mécanisation, fluctuations de la rentabilité), des milieux ruraux et des clientèles masculines ont lieu partout dans le monde. Malgré tout, les pistes d’action demeurent peu nombreuses et donc les lumières du travail social sont plus que requises. Le travail social rural et l’intervention auprès des clientèles masculines sont deux champs de spécialisation du travail social en émergence qui gagnent à être mieux connus. En ce sens, l’objet de cette recherche est susceptible d’intéresser de nombreux travailleurs sociaux qui participent à un congrès international. Avec cette présentation, l’auteur espère ouvrir la discussion sur l’invisibilité relative des hommes ruraux dans la formation des professions d’aide (travail social, médecine, psychologie) et du besoin de développer les connaissances à ce sujet.

Mots clés :

Masculinités, Zone rural, Urgence sociale, études de genre, Québec

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