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comprendre par la sociologie d'intervention.

Année : 2012

Thème : Le sociologue dans les organisations associatives, sportives et de loisirs

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

BERNARDEAU Denis (France) – denis.bernardeau@univ-mlv.fr

Résumé :

Poser la question de l’utilité de la sociologie nous conduit à interroger les rôles, postures et missions que se donnent les sociologues pour faire avancer leurs connaissances sur les situations et les acteurs sociaux. Parmi ces postures, nous voulons évoquer en particulier celle se réclamant de la sociologie d’intervention.

La sociologie d’intervention est une pratique de la discipline conduisant le sociologue à s’immerger dans une situation locale, afin de l’améliorer. Par le mot « intervention », il s’agit de penser le sociologue comme un scientifique capable de faire évoluer, avec les acteurs objets de l’étude, les situations dans lesquelles ils interagissent pour atténuer collectivement les difficultés qu’ils rencontrent. La posture du sociologue consiste dès lors à se placer parmi les individus en situation, dans l’intention de leur apporter « une plus-value cognitive mobilisable pour l’action » (Herreros). Le sociologue se doit donc d’être à l’écoute de l’acteur réflexif. Agissant comme un tiers, il se place entre les acteurs en micro situation pour les aider à mieux gérer leur vie en collectivité. Face à des situations où les interactions sont chaque fois particulières, où les contextes donnent à voir des trajectoires et des histoires de vie singulières, son rôle s’inscrit donc dans une quête de sens et d’utilité. L’utilité du sociologue se mesure à sa capacité à aider et améliorer la vie quotidienne des individus. Il doit savoir adopter une démarche empirique en s’immergeant régulièrement dans le milieu qu’il étudie, pour répondre, comme le rappelle Robert Castel, à la demande sociale.

Pour illustrer nos propos, nous relaterons une étude de plusieurs mois réalisée dans un complexe aquaform appartenant à une collectivité territoriale mais dont la gestion est déléguée à une entreprise. Au moment de notre intervention en immersion, il connait alors une période de conflits et de très fortes tensions. Dans cette étude de cas, nous nous sommes efforcés, autant que possible, de créer du lien entre les salariés des différents services. Ce que nous voulions, c’était modifier le regard qu’ils portaient sur leurs collègues et sur eux-mêmes, comprenant bien que ces images négatives étaient largement alimentées par des connaissances trop partielles et des ignorances réciproques. Dans un climat parfois franchement hostile, nous avons essayé de remplir notre rôle de sociologue, en apportant autant que possible quelques clés pour renouer le contact, relancer le dialogue et aider les différents acteurs à résoudre, par eux-mêmes et par le jeu maïeutique, leurs difficultés. Habités d’une éthique du lien, nous avons essayé de rapprocher, autant que possible, les savoirs savants et les savoirs « profanes ». En tentant de créer les conditions d’une autoanalyse réflexive des acteurs sur le terrain, nous avons tenté de procurer, in fine, un mieux-être aux individus dans leur vie quotidienne en collectivité.

Mots clés :

Co-construction, Éthique et déontologie, Quête du sens

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