DERNAT Sylvain (France)
LARDON Sylvie (France)

Nous souhaitons présenter comment une démarche de recherche-action collaborative spécifique, la recherche-formation-action (telle que développée dans notre équipe travaillant sur la construction des formes d'organisation territoriale) peut-être éclairante d'un questionnement de recherche. Nous utiliserons, comme illustration, une recherche en cours portant sur les choix d'orientation des futurs praticiens vétérinaires vers la pratique vétérinaire « rurale » en fonction des représentations collectives qu'ils élaborent au fur et à mesure de leurs cursus de formation. Nous montrerons comment la démarche de recherche-formation-action (RFA), favorise une meilleure compréhension de ce questionnement.
Notre démarche n'est pas considérée ici, comme une simple reprise du concept de recherche-développement sous forme linéaire : la formation n'est pas assujettie à la recherche et l'action n'est pas un élément découlant simplement de la formation (Marcel, 1999). La RFA se situe à la frontière (au sens de Star, 2010, c'est à dire un espace partagé), sans en être une simple concaténation, de trois approches dont on se proposera de présenter les éléments fondamentaux qui éclairent notre recherche : recherche-action, recherche-formation et formation-action. C'est donc à la croisée de ces approches, que nous souhaitons mettre la formation au centre du dispositif, et la faire agir comme un médiateur entre la recherche et l’action au sein de la démarche de RFA (Lardon et al, 2012).
Nous nous inscrivons dans une optique de recherche participative (Lardon et al, 2010) où le chercheur co-construit la démarche et ses résultats avec les acteurs. L’intérêt scientifique d’une intervention via la formation devient alors multiple (Auricoste et al, 2008). Celle-ci ayant une durée limitée dans le temps et demandant un accord préalable des établissements formateurs, on dispose d'un cadre précis, véritablement en grandeur réelle, qui délimite une étape dans le processus de formation en cours et le rend observable et analysable de la manière la plus singulière possible. La répétition de la démarche, sur des groupes étudiants et établissements différents et avec des professionnels aux parcours variés, favorise la comparaison de situations plus diversifiées se rencontrant dans l'activité pédagogique quotidienne des établissements et par extension la généralisation de notre démarche (Lardon, 2009).
Notre motivation est bien d'intervenir dans l'action en plaçant ce travail comme moyen de répondre aux questions portées par les acteurs de terrain sur le devenir de la pratique vétérinaire rurale et de ses territoires d'exercice. Cela passe par l'utilisation de la formation, l’enseignement vétérinaire, comme support de développement des connaissances et compétences des étudiants vétérinaires. Nous attendons qu'ils participent activement à la fois à la recherche, en exprimant la pluralité de leurs territorialité (Debarbieux, Lardon, 2003), mais également à la construction des outils pédagogiques favorisant la compréhension des territoires ruraux d'exercice vétérinaire. Cette démarche favorise ainsi la constitution de connaissances et de compétences au plus près de leurs attentes et de leurs contraintes. Mais il faut voir également que notre motivation est d'intervenir dans la recherche, en mobilisant des concepts et méthodologies susceptibles d'appréhender notre terrain et de fournir les clés de compréhension des déterminants qui fondent le choix de la filière « rurale », et plus globalement, du lien entre processus représentationnel en formation et choix d'orientation en milieu rural (au travers d'un recueil des contenus des représentations collectives et de leurs évolutions dans un cursus professionnalisant).
Nous nous mettons ainsi au service du développement des compétences des futurs acteurs des territoires, tout en contribuant à l'amélioration des connaissances des processus représentationnels influençant l'insertion des professionnels dans les milieux ruraux.

Formation, Recherche-action, Zone rural