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Intérêt, utilité, dangers de l'utopie dans la recherche-action collaborative :

Année : 2013

Thème : Retour sur une expérience de prospective participative sur le littoral français

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

BARON Nacima (France) – nbaron@univ-mlv.fr

Résumé :

Le 18 août 1963 était créée la mission interministérielle d'aménagement du Languedoc-Roussillon pour promouvoir l'aménagement touristique et environnemental d'une large bande de littoral. Cinquante ans plus tard, c'est-à-dire aujourd'hui, ce même littoral s'est considérablement peuplé et urbanisé. Son économie s'est spécialisée dans la construction immobilière et le tourisme de masse, créant de graves tensions pour les écosystèmes côtiers. Ce territoire littoral est fragile face à des menaces créées par la double crise écologique (montée en puissance des risques de submersion marine du fait du changement global) et économique (baisse de l'attractivité touristique sous l'effet du vieillissement des infrastructures, de la métropolisation généralisée et de la pression résidentielle).

Le retournement du contexte est remarquable. Au début des années 1960, le littoral était appréhendé comme une "page blanche" que les architectes se plaisaient à dessiner selon les visions audacieuses de la modernité balnéaire. Les marinas pied dans l'eau ou les immeubles-pyramides de la Grande Motte objectivaient dans le paysage une vision progressiste des modes de vie et une approche utopique de la "civilisation des loisirs". Cinq décennies après, le littoral est perçu surtout comme un territoire vulnérable, menacé, peut-être le lieu d'une catastrophe à venir, si l'on pense au drame de Xynthia. Est-ce la fin de l'utopie ? De son côté, l'Etat n'est plus en situation d' "aménageur" mais cherche sa place dans le contexte d'une gouvernance multi-niveau, du fait de la multiplication des instances décisionnelles avec la décentralisation).

C'est ce contexte de remise en question de l'action publique vis-à-vis du littoral qui est le support de cette communication. La RAC présentée correspond à un exercice de prospective participative portée et animée conjointement par l'Etat et par une équipe de chercheurs des Universités de Nîmes, de Montpellier I et de Paris Est, et qui s'est appuyé sur la participation de tous les acteurs de la société civile :professionnels (opérateurs touristiques, entrepreneurs, militants associatifs pour la culture et l'environnement, élus de communes petites et grandes, techniciens des services sociaux à l'échelon local). Entre 2010 et 2012, quatre gros séminaires ont été organisés (plus de 500 participants), quatre livrets de séance ont été produits, et finalement dix sept scénariis décrivant le devenir de ce territoire à l'horizon 2050 ont été inventés et discutés.

La communication montre les visions croisées du responsable du processus côté Etat et du chercheur. Elle répond aux quatre questions posées dans le colloque en prenant pour fil rouge la question de l'intérêt (et des limites) de la pratique de la prospective participative en matière de définition des politiques publiques. La "problématique" de la communication porte spécifiquement sur les modalités de construction d'un savoir particulier, celui qui porte sur l'avenir. L'enjeu est de comprendre comment les visions du littoral en 2050 proposées par le collectif intègrent une intéressante construction / déconstruction des motifs de l' "utopie littorale", et comment cette dernière est instrumentalisée pour faire évoluer le positionnement évolutif des acteurs (politique, scientifique, économiques).

Sont abordés successivement dans la communication les questions suivantes :
1. Entrée organisationnelle et méthodologique : Comment le dispositif de prospective participative modifie les modes de production de la connaissance et de production de l'action publique en matière d'aménagement du littoral;
2. Entrée conceptuelle et théorique : comment l'articulation des visions du futur contrastées, émanant de groupes sociaux et professionnels très distincts, modifie le rapport de ces derniers au territoire et à l'action présente.

Mots clés :

Territorialisation, Secteur public, Protection de l’environnement, Littoral

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