Le jeu de rôle et le sculpting :
Année : 2010
Thème : des dispositifs innovants pour la supervision
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
HANOT Michel (Belgique) – m.hanot@hotmail.com
Résumé :
Dans ce temps de crises, de nombreux professionnels de terrain ont recours à la supervision pour, d’une part, tenter de poursuivre leur travail de résistance, d’adaptation et d’innovation et d’autre part, questionner les modes d’intervention éducative, le tout dans un souci de qualité auprès des bénéficiaires. Si, de manière générale, le thème de la supervision a déjà fait l’objet de certains ouvrages (Paule Lebbe-Berrier, 2007), principalement dans une dimension conceptuelle (décentration et analyse de cas) et éthique, il me semble par contre qu’il y a peu d’écrits sur la manière de « pratiquer » la supervision et les outils ou dispositifs qu’on peut y développer. Je souhaite présenter deux dispositifs innovants, à savoir le jeu de rôle et le sculpting.
Le jeu de rôle est assez connu des formateurs – superviseurs. Cependant, la manière de pratiquer le jeu de rôle peut varier. Une tendance habituelle est de demander au supervisé présentant une situation de jouer lui-même l’intervenant dans le jeu de rôle. Ce dispositif est « piégeant » car il place le supervisé dans une position « de double acteur ». Je présenterai un autre dispositif qui est la technique « de renversement de rôle : le supervisé joue le rôle d’un autre, face à soi, ce qui le force à comprendre par l’intérieur le point de vue d’autrui ». (Depêtre & Pierre, 1984)
Les avantages de ce dispositif sont les suivants : les supervisés reconnaissent à quel point il est porteur de vivre concrètement ces situations construites, à la fois proches et éloignées de leur pratique (Charlier & Donnay, 2006). Cela leur donne confort et confiance dans leurs possibilités (Ausloos, 1995) et aussi, de facto, ils peuvent envisager leurs forces et faiblesses. C’est aussi très riche émotionnellement Cela « met en jeu une mémoire motrice et affective en plus qu’intellectuelle, ce qui permet une meilleure intégration de la matière ; cela aide à l’acquisition d’un savoir ». (Depêtre & Pierre, 1984)
Le sculpting est moins connu comme outil au sein de la supervision. « Le terme « sculpturation » est un néologisme et traduit l’expression anglaise Family Sculpturing ou Family Sculpting. /…/ Cette technique s’inscrit dans la lignée des méthodes qui privilégient la prise de conscience grâce à des expériences supprimant le rôle prédominant de la parole... » (Caillé et Rey, 2004). Le sculpting consiste à modeler les protagonistes d’une situation en fonction de la représentation qu’on a de leur relation les uns vis-à-vis des autres. J’expliquerai pour quoi deux sculpting sont toujours demandés au supervisé
Les avantages de ce dispositif sont nombreux : le supervisé est placé dans une position de spectateur-observateur qui lui permet ainsi d’être dans une position de réflexivité (Charlier & Donnay, 2006), avec comme effet pragmatique (Watzlawick, 1972), une prise de conscience immédiate et/ou une opérationnalisation de ce qui pourra être envisagé lors de la prochaine intervention avec des usagers. De plus, l’émotion maîtrisée permet une plus grande possibilité de changement. « Le vécu émotionnel direct et intense fait surgir des éléments et des souvenirs moins accessibles au niveau verbal, élargit le nombre de points de vue possibles, et active donc du « changement » (Onnis, 2008).
Mots clés :
secteur social, lien social, bonne pratique
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