VINDRAS Camille (France) – camille.vindras@itab.asso.fr

L’AB paysanne vise à favoriser le développement d’une filière courte de qualité par l’amélioration de la compréhension des processus en jeu. Cette problématique n’est que peu prise en compte par la recherche institutionnelle.
La démarche a débuté par la constitution d’un groupe informel de recherche composé d’agriculteurs, chercheurs et techniciens, autour de la problématique de l’adaptation des blés pour valoriser les blés de terroir breton pour la panification artisanale. La collaboration s’est ensuite formalisée à travers la réalisation de projets régionaux et européens.

La démarche de recherche appréhende le système de production dans sa globalité. Elle étudie l’environnement de la parcelle cultivée et s’intéresse à tous les stades de la culture et aux pratiques de production. Le groupe est formé d’individus provenant de diverses disciplines scientifiques et/ou aux compétences multiples (paysans, boulangers, chercheurs, ingénieurs). Les paysans et boulangers sont membres d’associations « semences paysannes » et les chercheurs et ingénieurs sont de l’INRA et Universités. La mise en commun de leurs objectifs débouche sur une organisation de recherche participative.
Le protocole expérimental a été défini par tous les partenaires lors du séminaire de lancement de Paysblé, un projet régional de rapprochement de science et société, financé par la Bretagne. Les expérimentations sont à la ferme, conduites par les paysans et suivies par les ingénieurs. Des réunions et journées d’échanges sont organisées entre expérimentateurs (paysans et INRA) pour favoriser la réflexion a posteriori et le partage des résultats/observations pour croiser les différents types de données.
Des outils, issus de différentes disciplines, intègrent les connaissances des agriculteurs et des chercheurs. Par exemple, au niveau des activités boulangères, l’organisation participative produit une méthode originale adaptée aux objectifs collectifs : élaboration avec les boulangers d’une grille d’évaluation de la qualité de panification des farines.
Un cycle de recherche s’est instauré : le protocole est ajusté chaque année pour mieux répondre à la problématique, les imprévus sont intégrés dans la réflexion et donnent lieu à la recherche d’alternatives.

Pour situer notre démarche et réfléchir rétrospectivement sur les choix, certains auteurs proposent des cadres d’analyses. Le cadre proposé par Ton Baars (2002) est méthodologique et s’applique à positionner les méthodes de recherche dans un schéma triangulaire images, action, lois de la nature
1-Images : modèles pour construire la connaissance en tant que monde complexe
2-Connaissances humaines: connaissances sur le monde expliquées par des relations de cause à effets
3-Action humaine et transformation : action pour appliquer et tester les connaissances et modèles

Analyse du projet selon les trois pôles proposés:
3- pôle action :
problématiques identifiées par un groupe de recherche informelle : Valorisation/promotion des blés de Redon,
Élaboration participative d’un design expérimental Description des contextes de chaque ferme
Apprentissage, développement participatif

3<->1 pôle images:
Connaissances tacites, intersubjectivité, modélisation conceptuelle

3<->2 pôle connaissances :
Expérimentation annuelle
Mesures instrumentales

Commentaires:
Des allers/retours entre expérimentations systèmes, analytiques, observations et théories permettent de tester les hypothèses.
Les connaissances ainsi validées viennent compléter le modèle de connaissance, propre au groupe de travail.

En quoi nos méthodes répondent elles aux objectifs ? :
L’agriculteur adopte une démarche expérimentale qu’il pourra ensuite appliquer à son propre système pour une meilleure autonomie. Par exemple la grille d’évaluation de qualité en panification lui permettra de tester les variétés testées sur son exploitation. Le chercheur revoie sa démarche en fonction de la réalité du terrain.

Approche globale, Co-construction, Autonomie