INTERVENTIONS SOCIALES ET CROISEMENT DES CONNAISSANCES EN JEU
Année : 2013
Thème : Sensibilisation au croisement des connaissances des professionnels et de celles des usagers en formation d’intervenants sociaux
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
VALLERIE Bernard (France) – bernard.vallerie@wanadoo.fr
Résumé :
Alors qu’une importante réflexion concernant le rapprochement des centres de formation des universités est en cours, en France, cette proposition de communication ambitionne de mettre en évidence la nécessaire complémentarité de différentes modalités d’apprentissage. S’il ne s’agit nullement de nier l’intérêt des enseignements magistraux, emblématiques de l’université, nous cherchons à mettre en évidence la pertinence des temps de formation autorisant la construction d’une posture professionnelle respectueuse des conditions susceptibles de favoriser l’entraide citoyenne, la justice sociale.
Ainsi, plusieurs raisons incitent aujourd’hui un intervenant social à prendre en considération le point de vue de la ou des personnes concernées par l’intervention qu’il conduit pour élaborer et réguler cette intervention. D’une part, cette démarche est imposée par la législation française. D’autre part, de nombreuses études (cf rapports ONED) ont mis en évidence la qualité des interventions relevant d’une telle dynamique. C’est ainsi qu’il est question de projet « avec » plutôt que de projet « pour », d’ « accompagner » plutôt que de « prendre en charge ». Pour les professionnels, il s’agit donc, entre autres, d’être en capacité de favoriser la prise de conscience et la mise en mots des éléments de vie importants pour l’usager : la cible du changement visé et les modalités d’organisation de ce changement, par exemple.
Les modalités d’exercice des professionnels sont essentiellement organisées à partir de savoirs dits « d’action » (Barbier, 1998) ou « de nature pratique » (Wittorski, 2004), élaborés à partir d’une formalisation de pratiques. C’est dans l’action et par l’action qu’ils se transmettent, souvent sur le mode agi (Malglaive, 1998). Ils sont produits par une réflexion du praticien sur sa pratique. Les professionnels se réfèrent aussi à des notions relevant de savoirs théoriques qui « donnent à connaître les lois d’existence, de constitution, de fonctionnement du réel » (Malglaive, id.). Ils élaborent leurs interventions en puisant également dans leurs connaissances issues de certaines de leurs expériences de vie. Leur expertise ancrée dans ces trois registres ne doit pas écraser l’usager et lui nier toute intelligence de la situation, intelligence issue de ses propres expériences de vie. Ainsi, l’intervenant doit favoriser un « croisement » (ATD Quart Monde) entre ses connaissances construites à partir de savoirs d’action, de savoirs théoriques, de ses expériences de vie, et les connaissances que l’usager a élaborées à partir de ses expériences de vie. Ce croisement repose sur une absence de hiérarchie entre ces différentes sources de connaissance. Il est incontournable dans la co-construction, par l’intervenant et le ou les usagers, des modalités susceptibles de favoriser le changement visant une amélioration des conditions de vie du ou des seconds.
L’appropriation d’une telle posture peut être largement favorisée dans le cadre d’une démarche d’apprentissage expérientiel (Bourassa, Serre et Ross, 1999) potentiellement omniprésente en formation en alternance. Ainsi, lors de temps d’analyse de pratiques, que ce soit sur les terrains de stage ou en centre de formation, les expériences vécues sur le terrain sont alors décortiquées afin de repérer l’origine des connaissances en jeu dans les pratiques mises en œuvre. Ces temps sont susceptibles de permettre à l’étudiant de construire des modalités de rencontre avec l’usager favorisant une réelle prise en compte des préoccupations de celui-ci en ne surestimant pas, dans la réflexion partagée, tel ou tel registre d’origine des connaissances privilégié.
Dans notre communication, nous comptons développer et illustrer cette perspective en nous référant à de telles séquences d’apprentissage mises en œuvre en formation d’éducateur spécialisé. Nous évoquerons également les co-formations, réunissant des intervenants et des usagers, organisées par le mouvement ATD Quart Monde.
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Mots clés :
Formation, Intervention sociale et travail social, Connaissances, croisement des connaissances
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