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« Négocier sa place » dans une recherche : un enjeu pour les savoirs.

Année : 2013

Thème : Présentation d’une recherche-action entreprise avec des travailleurs sociaux.

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

BOUMEDIAN Naoual (Belgique) – naoual.boumedian@gmail.com

Résumé :

- Introduction
Cette proposition de communication s’inscrit dans l’axe 1 (« Transformation des savoirs et enjeux pour l’intervention sociale »). Elle vise à mettre en avant un processus de recherche-action comme il a été élaboré en concertation avec les commanditaires de cette recherche-action, càd des professionnels d’AMO (Aide en Milieu Ouvert). Nous voudrions axer cette présentation sur la « négociation de sa place » dans les espaces collaboratifs mettant en présence des professionnels et des chercheurs. Ce faisant, la question de la « légitimité » de chacun des acteurs dans la question de la co-production des savoirs devient centrale. La question de la « validité » des savoirs produits (co-produits) apparaît inséparable de celle des conditions objectives qui ont permis l’élaboration de ces savoirs.
- Déconstruction et reconstruction communes de l’objet de recherche
Ce premier axe nous permettra d’exposer la méthodologie de travail mise au point. Cette méthodologie est notamment passée par une déconstruction de l’objet. Au départ, il s’agissait de questionner le « bien-être » à l’école. Une des premières étapes de la recherche a consisté à poser cette question du « bien-être » comme étant une hypothèse. Les professionnels en question ont voulu mettre en avant cette thématique pour défendre une approche de l’école « positive » et rompre, ce faisant et au départ, avec une perception « négative » de l’école. Cette dynamique qui se veut « positive » porte le risque d’orienter dès le départ la recherche.
- Co-construction de l’espace collaboratif
Une des premières étapes a consisté à objectiver ce qu’est pour ces professionnels le « bien-être ». Ce travail de construction et déconstruction de l’objet s’est fait, dans un premier temps, au travers de l’élaboration d’une grille d’entretien destinée à interviewer les directeurs d’école. Ainsi, cette rencontre avec les directeurs d’école concernant le « bien-être » à l’école a été précédée d’une « mise à plat » relative à ce qu’est le « bien-être » pour ces professionnels des AMO. Cette méthodologie de travail a eu le mérite d’objectiver un ensemble de croyances et de se mettre en position de questionnement. Cette étape nous paraissait essentielle pour accueillir d’autres points de vue et notamment ceux des directeurs d’école. Simultanément, un cadre de travail commun a émergé où des professionnels ont été mis en situation de se questionner et où le chercheur s’est retrouvé dans une position de « déclencheur » de ce questionnement par le regard extérieur qu’il porte sur les points de vue exposés par les professionnels. Cette méthodologie de travail en commun s’est également déployée au niveau de l’analyse où, à ce stade de notre recherche, il apparaît que le savoir intuitif (incorporé) de ces professionnels esquive parfois un certain nombre de questions.
- Impact sur le monde social
Cette manière de « faire science » force à réfléchir à une épistémologie particulière de la production des savoirs dans l’univers du travail social. Une réflexion sur cette épistémologie de la production des savoirs permet de déjouer le risque de verser dans une « idéologie » de la co-production des savoirs entre chercheurs et professionnels. Pour le moment, les avancées de notre recherche permettent de poser quelques repères que nous voudrions discuter dans le cadre de ce congrès. Simultanément, ce versant épistémologique du questionnement lié à la production des savoirs ouvre un certain horizon pour interroger l’impact de la recherche sur le monde social, la recherche devenant un vecteur performatif, càd ayant des effets sur le monde social, une fois que la déconstruction des objets sociaux s’opère avec des professionnels, à l’attention des professionnels. Ce travail de recherche, avec en son cœur des professionnels, par le travail de « dés-incorporation » progressive qu’il opère par rapport au savoir « allant-de-soi » constitue un pivot intéressant pour aller vers de nouvelles pratiques.

Mots clés :

Recherche-action, Savoirs, Épistémologie

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