Quand la gestion du travail intervient dans la construction des savoirs professionnels. Le cas de la petite enfance
Année : 2013
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
VALENTIM Silvia (France)
Résumé :
En 2011 une enquête ethnographique (LAPASSADE, 1996), (WEBER, BEAUD, 2003), (WEBER, 2009) a eu lieu au sein de trois entreprises de crèches parisiennes. Elle a été réalisée dans le cadre d’un master 2 Recherche dont l’objectif était de savoir si cette nouvelle forme de gestion, des structures petite enfance, changeait la manière dont les professionnels concevaient leur travail quotidien auprès des enfants.
L’ouverture du marché des crèches était dénoncée un peu partout comme étant complexe pour tous les acteurs. Dans le cadre de mon activité d’éducatrice au sein d’une association, j’ai été témoin, suite à la perte d’un appel d’offre, du transfert de la gestion d’une crèche à une entreprise. Cette question me concernait donc professionnellement et j’ai voulu aller voir plus loin.
En effet, il me semble que les questions liées aux mouvements gestionnaires dans le champ de la petite enfance, méritent notre attention. Elles interviennent dans le travail et par conséquent dans les formes de construction et de transmission des savoirs sur les pratiques.
C’est donc de ce travail d’enquête, dont les résultats continuent à être travaillés dans le cadre d’une thèse de doctorat, que je souhaite communiquer au sein de ce colloque.
Ces résultats démontrent déjà que le champ de la petite enfance constitue un socle particulier de l’intervention sociale, et que les professionnels ne sont pas souvent sollicités à s’exprimer sur les transformations, ni sur l’émergence des nouveaux savoirs.
En effet, la gestion des crèches était jusqu’à 2004 réservée aux collectivités territoriales, aux associations de loi 1901, et aux crèches d’entreprises. L’ouverture du marché de la petite enfance, la création du contrat enfance–jeunesse, introduit l’idée de rentabilité, d’amélioration de taux d’occupation, la PSU (Prestation de Service Unique) pour accroître le nombre de places d’accueil proposées aux familles. Ceci n’a pas le même sens s’il s’agit d’un gestionnaire privé associatif relevant de loi 1901, ou d’un gestionnaire privé lucratif comme c’est le cas des entreprises privées. Nous pouvons aussi nous demander comment les acteurs publics et privés non lucratif définissent leur place et rôle au sein du marché des crèches ? Comment les professionnels travaillant au sein des entreprises privées conçoivent leur mission d’accueil et comprennent ces transformations ? Comment la formation professionnelle prend en compte cette nouvelle réalité ? Considère-t-elle que ceci a un impact sur les pratiques ? Les savoirs de la pratique peuvent-ils se construire en dehors de cette nouvelle réalité gestionnaire?
La cadre conceptuel de la recherche est celui de l’analyse institutionnelle (Lourau, 1990) (Lamihi et Monceau, 2002) (Monceau, 2012). L’enquête ethnographique qui se poursuit est complétée par des entretiens semi-directifs, des observations participantes et d’une analyse documentaire composée des écrits de la pratique (notes de services, protocoles, projets éducatifs, etc). Il s’agit de dégager des analyseurs (éléments communs identifiés à plusieurs niveaux permettant à tous les acteurs d’en donner un sens) afin de saisir dans les discours, mais aussi dans les actes, les sens donnés par les professionnels à leurs pratiques et aux savoirs constitutifs de celle-ci.
Mots clés :
Acteurs, Logique marchande, Transfert des connaissances, Petite-enfance
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