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INTERVENTION SOCIALE / GESTION OU COMBAT

Année : 2013

Thème : La transformation de la représentation de l'exclusion : un défi pour l'intervention sociale

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

PELTIER Henri (France) – HenriPeltier@wanadoo.fr

Résumé :


"L'intervention sociale ne peut plus se limiter à la gestion de multiples difficultés, à l'aide d'une multiplication des travailleurs sociaux chargés de lettre en ouvre des dispositifs de plus en plus compliqués. L'intervention sociale est l'affaire de tous, tant des pouvoirs publics que du monde économique, que des travailleurs sociaux et des personnes concernées elles-mêmes. C’est un combat, car les inégalités s’accroissent sans qu’il y ait beaucoup de réactions »
La représentation
Les images courantes sont des caricatures qui se multiplient, les modes de désignation sont également multiples : les assistés, les fainéants, les vauriens, jusqu’à caractériser un groupe : les jeunes, par exemple, qui mettent en péril l’équilibre social. Une réponse est de punir.
Une autre approche est celle de la pitié, de la compassion, les personnes en détresse sont objet de sollicitude : que leur manque-t-il pour qu’on puisse le leur apporter ? C’est une réponse humanitaire à défaut d’être une réponse sociale
L’exclusion :
Asociaux, inadaptés, porteurs de handicap social, nouveaux pauvres, exclus, travailleurs pauvres, très pauvres, les termes ne manquent pas pour tenter d’identifier ceux et celles qui vivent aux marges. S. Paugham parle des disqualifiés, R. Castel parle des désaffiliés.
Une prise de conscience récente, au regard de l’histoire impose un changement du regard porté des uns sur les autres. Les personnes en détresse sont des citoyens à part entière qui sont positionnés en dehors du droit auquel chaque citoyen doit se référer,
-Les « personnes accompagnées » sont citoyens avant d’être sortants de prison, malades psychiatriques, vagabonds, qu’on appelle maintenant SDF, chômeurs ou allocataires du RSA, « bénéficiaires » de la CMU, personnes à rééduquer (par des éducateurs spécialisés),toutes personnes à réinsérer.
-Les intervenants sociaux sont confrontés à une nouvelle réalité. L’intervenant était porteur d’autorité. Se posait alors la question du contrôle social. La mise en œuvre progressive du « logement d’abord » et la reconnaissance apportée à la qualité de citoyen, oblige à un changement de positionnement.
De l’aide au droit
Quand le droit n’est pas connu ou respecté reste l’aide humanitaire. Une question prégnante reste posée à l’intervenant social : son action est-elle gestion ou combat ?
Ces situations impossibles concernent 10 à 15millions de personnes, selon les approches des uns ou des autres. Elles sont inconnues ou incompréhensibles par le reste de la population. Leur réalité a toujours été inquiétante et cette inquiétude portée au paroxysme par le phénomène du bouc émissaire relayé de temps à autre par les pouvoirs publics.
Lorsque que chacun reste cantonné dans ses représentations, les jugements fleurissent et les inégalités se creusent dangereusement.
L’intervention sociale ne peut plus se limiter à la gestion de ces multiples difficultés, à l’aide d’une multiplication des travailleurs sociaux chargés de lettre en œuvre des dispositifs de plus en plus compliqués. L’intervention sociale est l’affaire de tous, tant des pouvoirs publics que du monde économique, que des travailleurs sociaux et des personnes concernées elles-mêmes.
Le défi qui nous est adressé est celui de la co-construction d’un avenir pour tous en travaillant la capacité de faire : Jusque la fin des années 90 la lutte contre les exclusions consistait en l’accompagnement des difficultés. Le combat à mener est celui de la lutte contre les inégalités.
Le père Léon d’Emmaüs la Bussière déclarait : « la misère ne se gère pas, elle se combat »

Les travailleurs sociaux qui ont pour fonction de maintenir le lien avec les populations en difficulté peuvent mettre en place des actions avec elles pour changer les représentations. L'heure est plutôt à l'action, non dans la confidence mais sur la place publique.

Mots clés :

Usager, Solidarité, Vivre ensemble

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