La recherche-action comme levier de l’innovation dans la formation en travail social
Année : 2013
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
LEVIVIER Ana Paula (Brésil) – fragap.lev@free.fr
TOURRILHES Catherine (France) – catherine.tourrilhes@orange.fr
Résumé :
Depuis une dizaine d’années d’expérimentation de la recherche-action comme outil de formation en travail social, notre intention est de rendre compte d’une pensée capable de formaliser et d’apporter des éléments de réponse à la question suivante : quelles sont les conditions requises pour faire la place à un travail d’expérimentation et d’innovation dans la formation des travailleurs sociaux ?
Pour y répondre, nous serons attentives à déployer : d’une part, le versant singulier des expérimentations qui à travers leur contexte ne se prête pas à des transpositions généralisatrices, mais qui vaut la peine d’être exploré comme possibilité de travail dans le champ de l’humain et d’autre part, le versant plus général qui, lui, a à voir avec la pédagogie par la recherche-action et la question des savoirs.
Nous défendons l’idée qu’il y a des « postures » dans tout travail où la matière est humaine et que, par conséquent, les formations sociales devraient préparer les étudiants à faire émerger ces postures en vue de l’exercice du métier. Pour résumer rapidement ce que nous qualifions comme « postures » : la qualité de la présence à l’autre, de l’écoute et de la parole échangée, la tenue d’un esprit critique devant les situations éprouvantes et leurs contextes (social, économique, politique, familial, singulier, inter et intrapsychique), la sensibilité face aux joies et aux souffrances, le rapport aux différences, aux conflits, aux situations insolubles, aux incertitudes, aux doutes, aux critiques, aux attaques, l’aisance pour collectiviser pensées et actions, le sens éthique de la responsabilité et du partage, l’attitude d’être humble et la capacité de faire appel à l’aide, bref, une curiosité et un enthousiasme à toutes épreuves pour la vie humaine.
Il s’agit des postures qui naissent au cours d’un long cheminement, dans le côtoiement du réel par le vécu des situations elles-mêmes et les relations entretenues avec tous les acteurs. C’est dans un processus dynamique que les « savoirs utiles » à l’intervention feront leurs preuves, seront mis à contribution, interrogés, construits, rejetés, appropriés, renouvelés et transformés.
C’est à partir d’une pédagogie inductive qui interroge les étudiants depuis leurs questionnements, doutes, plaisirs, difficultés, etc., de leur formation (stages, alternance, cours, lectures), que nous rendrons compte de cette construction hybride des postures professionnelles qui se donnent à voir par les décisions qu’ils prennent au contact avec le public, ainsi que par les chemins qui configurent leurs recherches-actions (filiations théoriques, outils, méthodologie d’enquête, grilles d’analyse, restitution, etc.). Nous percevons ainsi les mouvements d’une pensée individuelle en même temps que d’une réflexion forgée dans le débat et la délibération collectives, puisque nous demandons aux étudiants un rendu compte personnel (leur pensée sur leur posture) et un rendu compte du travail des groupes. Ceci montre les interactions de la recherche-action sur le terrain ainsi que leur cheminement à l’intérieur de la démarche elle-même.
Nous sommes donc dans un essai de conceptualisation ou plutôt d’objectivation des pratiques pédagogiques singulières dans le but de proposer des espaces de problématisation puis des méthodes d’intervention qui puissent articuler expériences des publics, pratiques sociales de terrain, formation professionnelle et postures de recherche dans le travail social. L’objet de notre proposition est d’ouvrir, au sein de l’Aifris, un espace de réflexion et d’échange sur ce que peut être l’innovation dans le champ du travail social à partir : (1) d’expérimentations pédagogiques dans la formation des travailleurs sociaux, (2) de recherches spécifiques au travail social et (3) de pratiques nouvelles accordées à l’expérience des publics du travail social.
Mots clés :
Action de groupe, Apprentissage en alternance, Co-construction, systèmes d’organisation, pédagogie inductive, espaces de réflexivité, délibération collective, liberté, incertitude, démocratisation
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