La relation en travail social au Québec: analyse des pratiques professionnelles de travailleurs sociaux en Centres de santé et de services sociaux.

Année : 2013

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

CHOUINARD Isabelle (Canada) – isabelle.chouinard3@uqat.ca

Résumé :

La question de l’identité professionnelle des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux (TS) est l’objet de débats et d’enjeux au sein de la profession depuis longtemps. Déjà, en 1960, la Corporation des travailleurs sociaux du Québec considérait que l’identité professionnelle de ses membres devait figurer parmi ses champs d’action prioritaires (Carey-Bélanger, 1979). Aujourd’hui encore, le phénomène identitaire demeure un enjeu central pour les différents acteurs du travail social. Le caractère a priori insaisissable de la dimension relationnelle n’est certainement pas sans participer à cette préoccupation constante à l’égard de la professionnalité du travail social. Confrontée à une difficulté de conceptualisation, et, par voie de conséquence, d’évaluation complexe des productions de ceux qui exercent le travail social, la profession souffre d’un sentiment de non-reconnaissance par la population (Développement des ressources humaines du Canada [DRHC], 2000) et par le champ des professions humaines et sociales. Cette difficulté à concevoir et à nommer sa pratique va même jusqu’à provoquer un haut taux de détresse et de retrait au travail chez les TS (Pelchat, Malenfant, Côté et Bradette, 2004).

Si l’enjeu professionnel se jouant autour de la dimension relationnelle du travail social est si fondamental, c’est que la spécificité de l’action professionnelle propre au TS s’incarne dans et par la relation (Autès, 1998). C’est en effet au cœur de cette dernière que peut se réaliser la transformation d’un rapport entre un usager en souffrance et une norme toujours socialement construite. C’est ainsi que, par la relation, le travail du TS consiste à rattacher symboliquement les individus à la société en donnant du sens au rapport qui s’établit entre leurs difficultés, toujours singulières, et les problèmes sociaux et leur réponse sociale sous-jacents. L’action du travail social est, en ce sens, une action essentiellement médiatrice. C’est donc précisément cette action de médiation, ce travail symbolique de production de sens pour l’individu, d’objectivation de sa difficulté en regard d’une norme sociale, qui constitue la dimension fonctionnelle de la relation en travail social, dans la perspective où elle permet l’opération du sujet sur le monde, et celle du monde sur le sujet (Couturier et Chouinard, 2008).

Cette communication vise à présenter les résultats d’une thèse de doctorat ayant cherché à comprendre la dimension relationnelle constitutive de toute intervention sociale en travail social. Réalisé auprès de travailleurs sociaux œuvrant dans le cadre de Centres de santé et de services sociaux québécois, ce projet de recherche avait pour ambition de mettre en lumière la nature médiatrice de la relation afin de favoriser, chez le groupe des TS, une meilleure conceptualisation de leur pratique et, ainsi, accroître leur maîtrise de cet aspect particulier de la profession. Après avoir brièvement problématisé la nature irréductiblement relationnelle du travail social, la trame conceptuelle ayant guidé la recherche sera exposée. La présentation se concentrera finalement sur les principaux résultats de cette étude avant de conclure sur quelques pistes de réflexion pouvant alimenter la formation initiale et le champ professionnel du travail social.

Mots clés :

Culture professionnelle, Professionnalisation, Secteur public

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