Les évaluations dans les Établissements Sociaux et Médico-Sociaux (ESMS) :
un nouvel habillage pour cadrer la pratique
Année : 2013
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
ALIX Jean-Sébastien (France) – alixjs@hotmail.fr
Résumé :
Ces dernières années, un ensemble de procédures et de dispositifs d'évaluation du « bon fonctionnement » et de la « bonne santé financière » des institutions ont vu le jour dans le travail social. Nous pensons notamment aux évaluations internes et externes, aux démarches qualité et à la traçabilité intensive à travers les nombreux écrits et qui s'inscrivent dans une série de lois et de décrets : celle, par exemple, du 2 janvier 2002 portant sur rénovation de l’action sociale et médico-sociale et du décret (2007-975) du 15 mai 2007 pour l'évaluation des activités et de la qualité des prestations des établissements et services sociaux et médico-sociaux. Nous pensons également aux institutions telles que les ARS (Agences Régionales de Santé), l’ANESM (agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements sociaux et médicaux sociaux) et l’ANAP (Agence Nationale d'Appui à la Performance des établissements de santé et médico-sociaux).
Ces mutations tendent constamment à redéfinir les pratiques des travailleurs sociaux et mobilisent en permanence leur capacité à « innover » selon des orientations issues du management. Si l'ambition de rationaliser des pratiques professionnelles considérées « approximatives » et « informelles » vers un « processus d'amélioration continue de la qualité » n'est pas nouvelle, elle est en revanche aujourd'hui systématisée et suscite autant l'engouement que la défiance de certains acteurs
Notre questionnement prendra deux axes :
Tout d'abord, il s'agira d'interroger l'émergence de ces pratiques évaluatives au regard du contexte historico-politique. Nous nous intéresserons notamment à la place et aux rôles occupés par une partie de la sociologie dans ce domaine à travers la notion d'expertise.
D'autre part, nous interrogerons la posture subjective des travailleurs du social. Quels sont leurs discours face à la prédominance de l'expertise qui réinterroge les coordonnées constitutives de leurs pratiques (temps, rapport à autrui)? Sont-ils opposés, méfiants ou y trouvent-ils enfin une modalité pour rendre compte de leur travail ? En fin de compte, il s'agira d'interroger la capacité qu'ont les professionnels à s'approprier ces procédures et la manière qu'ils ont de les réinvestir dans leurs pratiques.
L’évaluation soulève un certain nombre de questions relatives à sa définition, à ses usages et à son appropriation. Nous pouvons déjà amorcer quelques pistes de réflexion qui seront explicitées ultérieurement à travers quelques principes ou paradigmes. Les évaluations renvoient à un principe d’optimisation (vers un plus-de-valeur illimité) ; de mise en concurrence (prendre la mesure nécessite d’avoir un point de référence et donc de comparaison) ; de normalisation (recommandations de bonnes pratiques) ; utilitariste (la pensée est utile parce qu’elle est opératoire) ; fonctionnaliste (volonté de neutraliser ou externaliser les « impasses » qu’implique la relation d’aide) ; enfin et surtout un principe de substitution (l’évaluation rend in-évaluable toute une dimension de la pratique c'est-à-dire des signes « à ne pas voir » ou « ne plus voir ».)
En fin de compte, pour comprendre ce qui est en jeu nous devons dépasser l'idée que ces procédures sont « à la mode » pour saisir, d'un point de vue plus structurel, la manière dont elles qualifient et transforment la prise en charge éducative.
Mots clés :
Evaluation, Politique sociale, Quête du sens
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