LAFOSSE Pascale (France) – pascale.lafosse@orange.fr

Toute action de professionnel doit s’inscrire dans une dimension institutionnelle et en cohérence avec les missions confiées. En France, la participation des usagers est aujourd’hui revendiquée par une multitude d’acteurs. Au regard des textes législatifs, A&P.com (1) est une action collective qui s’inscrit dans la thématique de l’expression et de la participation des usagers. A&P.com répond à l’article de la loi 2002-2 : « Afin d'associer les personnes bénéficiaires des prestations au fonctionnement de l'établissement ou du service, il est institué soit un conseil de la vie sociale (CVS), soit d'autres formes de participation ».

Mais A&P.com, c’est également, et surtout, dans le cadre des missions de la protection de l’enfance, un Travail Social de Groupe destiné à créer les conditions d’une co-construction de compétences, de savoirs entre des jeunes mères particulièrement fragiles, accueillies en structure collective.

Mais quels sont les préalables à la participation ? De quelle participation parle-t-on ? Pourquoi faire de la participation ? Marion CARREL (2) , aborde cette question et explique les motifs de se méfier mais également les raisons de se mobiliser.

En effet, il s’agit de reconnaître les difficultés auxquelles les mères ont été confrontées, mais le maintien d’un statut de victime les conforte dans leur incapacité d’agir sur leur propre vie. Le TSG est ici l’opportunité d’expérimenter à travers A&P.com des rôles, des expériences de groupe, qui leur permettent de se représenter concrètement leur capacité d’action, leur influence au niveau de l’institution. Le TSG fait l’hypothèse que si ces jeunes femmes saisissent concrètement leur capacité d’agir sur l’institution, sur l’environnement, elles seront capables de se mobiliser pour elle-même, donc à leur propre niveau, dans leurs choix de vie.

Si l’objectif du professionnel est de permettre la participation des mères, de faire émerger des propositions d'amélioration concernant la structure, de préparer les thèmes qui pourraient être présentés au conseil de vie sociale, il vise essentiellement à rompre l'isolement, à valoriser l'estime d’elles – mêmes, et par le biais de l'expression de leurs convictions, de leurs propositions, les amener vers une reconnaissance sociale.

A travers le processus de groupe, le changement est visé. A partir des interactions naissent des représentations mentales des mères qui parviennent à prendre forme et aboutissent à la formulation d’un savoir construit par le groupe.

(1).A&P.com : « aferache et papotage.com », nom du groupe décidé par les mères.
( 2).MARION CARREL, Maîtresse de conférences en sociologie à l’Université de Lille 3

Action de groupe, Co-construction, Intervention sociale et travail social, Protection de l'enfance