DUVIVIER Emilie (France) – emilie.duvivier@institut-social-lille.fr

Cette communication se propose de réfléchir au processus de construction et de transmission de savoirs en interrogeant les spécificités de cette double casquette de formateur/chercheur en travail social. La perspective dans laquelle nous nous inscrivons nous amène ainsi à revisiter un itinéraire où se croisent la pratique du travail social en tant qu’assistante de service social, son enseignement dans un centre de formation, et la recherche – activité que nous avons menée dans le cadre d’une thèse de sociologie portant sur les parcours et logiques de mobilité de jeunes migrants sans accompagnement parental.

Fruit d’un parcours professionnel et de recherche de plusieurs années, cette thèse s’est attachée à reconstituer les parcours migratoires de jeunes mineurs isolés étrangers, pris en charge par les services sociaux de protection de l’enfance ou vivant en dehors de tout dispositif. En considérant la dimension processuelle de leur migration depuis leur départ, « entre là-bas et ici », puis en privilégiant une approche centrée sur leurs expériences à Lille et à Bruxelles, la recherche montre de quelle manière le parcours de ces jeunes se construit en articulation avec leurs relations sociales et familiales, mais aussi en fonction des contraintes et/ou occasions (économiques, politiques, institutionnelles, familiales) rencontrées en chemin dans les pays d’immigration ou de transit. Au-delà de l’isolement qui les caractérise au plan juridique, ces jeunes migrants sont le plus souvent intégrés dans des systèmes familiaux complexes, mais aussi connectés aux membres dispersés du réseau social et familial. Individus mobiles, ceux-ci multiplient les expériences, en s’engagent et se désengageant dans différents types de relations au fur et à mesure de leur déplacement. Si leurs parcours peuvent sembler difficilement saisissables en raison de la pluralité des projets qu’ils élaborent et de leur caractère multidimensionnel, ceux-ci donnent à voir de l’évolution des migrations qui s’inscrivent de plus en plus aujourd’hui dans des jeunes de négociation, de domination et de pouvoir sur la scène internationale.

Nous nous proposons donc dans cette communication de réfléchir aux savoirs mobilisés et construits dans l’aventure de la thèse en analysant également ses effets sur notre posture de formateur et de chercheur. Si comme nous le pensons le chercheur est un des sujets de sa propre recherche, de la même manière que le formateur enseigne aussi ce qu’il est, il importe dans ce sens, non pas de nier l’expérience, mais de la comprendre et de l’objectiver, afin de la rendre intelligible et de donner sens à l’action.

Transfert des connaissances, Traitement social, Urgence sociale, Immigration Enfance