Comment favoriser la transmission des compétences promotrices de santé inhérentes au Travail Social tout en augmentant la capacité des apprenants à promouvoir collectivement leur santé ?
Année : 2013
Thème : La plupart des formations du Travail Social sensibilisent à la Promotion de la Santé (Charte d’Ottawa). Ces connaissances peinent à s’appliquer, à faire sens dans les pratiques « de cœur de métier », comme sur les conditions de vie mêmes des étudiants. Quelle stratégie globale faciliterait la transmission des compétences pour leur carrière professionnelle durant leur carrière d’étudiant ?
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
WHITEAD Yann (France) – ywhitead@irtshdf.fr
Résumé :
Le problème
Selon la charte d’Ottawa, la Promotion de la Santé c’est « le processus qui confère aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé et d’améliorer celle-ci ». Se référant à la santé globale de l’O.M.S., cette charte légitime le rôle majeur du Travail Social dans ce processus. Comment peut-il être parfois autant sous-estimé, même pendant la formation ? Comment les Centres de Formation pourraient ne pas l’encourager ? Ne pourrait-on pas faire « d’une pierre, deux coups », en permettant « aux cordonniers d’être mieux chaussés » ?
Mais quels besoins de santé globale des étudiants, non déjà couverts par la prévention « tout public », pourraient justifier une stratégie spécifique ? Notre expertise formule ces besoins en terme de gestion du stress. Ils « se mettent la pression », n’optimisent pas les moyens mis à disposition pour « faire avec » les aléas de leur carrière d’étudiant. Les stratégies de coping sont peu efficientes, voire iatrogènes. Des indices sont repérés sur site : tensions de groupe, agressivité, évitement, fuite, prophétie d’échec autoproclamée, malaises… le phénomène est réputé grandissant, imputé à un faisceau de facteurs :
-La plus grande jeunesse des étudiants, bousculant les modes pédagogiques
-La plus grande tension du monde du travail
-La réforme des Diplômes d’Etat : logique de compétences vs ingénierie de formation scolaire, contrôle « infantilisant » des présences, situation de double-bind
Problématisation possible selon deux approches complémentaires en Promotion de la santé :
-Une approche « descendante » : d’un point de vue « macro », les étudiants peuvent être considérés en tant que « jeunes », à inscrire dans des programmes de Santé Publique destinés aux jeunes. Plusieurs modèles d’Education pour la Santé (EPS) ont vu le jour au début du XXème siècle croisant Psychologie et Sociologie :
oBehavioriste : fondée sur le Conditionnement et l’analogie entre l’Homme et l’animal, ces méthodes éducatives suscitent surtout le registre émotionnel : « faire peur pour éviter les comportements pathogènes, récompenser pour favoriser des comportements salutogènes »
oCognitiviste : issues de la cybernétique, ces méthodes invoquent l’analogie entre l’Homme et l’ordinateur : « bien informer pour induire des perceptions et attitudes salutogènes »
oSociopolitique : basé sur un vaste corpus en Sciences sociales, il s’intéresse à l’Homo Politicus : « susciter la capacité à s’adapter à la société »
Nombre d’actions de Santé Publique de masse partent des deux premiers modèles dont l’évaluation montre intérêts et limites. Peu s’inscrivent dans la troisième, nécessitant une culture plus souvent retrouvée en pays anglo-saxons qu’en pays francophones. Parmi eux, la France y semble encore moins sensible. Ce modèle partage des caractéristiques de l’approche suivante.
-Une approche « ascendante » : partant d’un point de vue « micro », l’individu est envisagé en lien avec un groupe, une communauté, pour faire toujours plus société avec l’Humanité, « en poupées russes ». Les modèles d’EPS se réfèrent souvent à la figure de Paulo Freire, aux concepts d’Empowerment et Conscientisation. Cette approche interdisciplinaire cerne la complexité des questions sociales, sanitaires et éducatives. Concevoir des projets d’EPS selon cette stratégie permet de puiser dans une boîte à outils partagée : Education par les pairs, Estime de soi, échanges d’expériences, convivialité, compétences psychosociales...
Mais cette approche, subversive, dérange. Le spectre communautariste sévit-il encore ? Malgré un contexte parfois porteur, comme une convention entre l’IRTS NPDC et un réseau régional de Santé Communautaire, la culture ne prend pas. Les freins peuvent-ils être levés ? « Développement Social Local, Santé Communautaire, même combat » ?
Méthodes en débat :
Quelles sont les expériences francophones qui peuvent nourrir notre réflexion et ouvrir les perspectives ?
Mots clés :
Santé, Action communautaire, Intervention sociale et travail social, Promotion de la Santé
Empowerment
Transfert de compétences
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