Le non savoir...un outil précieux pour intervenir auprès des personnes et des familles.
Année : 2013
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
LEIDER SOYEUR Claire (Belgique) – claire.leider@gmail.com
Résumé :
Le non savoir… un outil précieux pour intervenir auprès des personnes et des familles.
Par Claire Leider, maître de formation pratique en travail social et en travail psychosocial en santé mentale, à la Haute Ecole P-H Spaak à Bruxelles et thérapeute systémique
C’est en tant qu’intervenante systémique que je souhaite présenter cette communication.
Parallèlement à ma fonction d’enseignante dans la HE P-H SPAAK à Bruxelles, j’ai gardé une activité de terrain, dans le cadre d’une maison médicale recevant une population défavorisée ayant recours à une large gamme de services sociaux.
Cette communication portera sur les aspects relationnels de la prise en charge psychosociale, sans mettre en avant le versant thérapeutique. Elle tente d’éclaircir à quel point nos représentations et la croyance que nous sommes détenteurs de savoir ou que nous pensons savoir ce dont l’autre nous parle, peut bloquer le processus d’alliance et donc de changement.
Madame, 38 ans, m’est adressée par la logopède de sa fille âgée de 8 ans . Tout de suite, Madame me confie qu’elle m’est adressée car elle est une « maman-poule »
Madame me communique son savoir sur ce qui la fait venir à ce rendez-vous ainsi que le savoir des autres sur elle comme maman, savoir qu’elle s’est approprié et me communique d’emblée sans fierté, ni angoisse. Pour elle, c’est un fait établi qu’elle ne conteste pas et qui a été reconnu par divers professionnels : l’institutrice de sa fille, une psychiatre rencontrée précédemment et la logopède (orthophoniste).
Comment créer une alliance avec cette maman en acceptant la définition du problème qui lui a été donné et qu’elle a fait sienne, et ouvrir le champ de travail ?
Comment l’intervenant peut-il interroger cette représentation sans discréditer ni la consultante ni les services précédents ?
Comment, avec ce concept de « maman poule », tricoter du neuf qui permet de sortir de cette qualification enfermante ?
Cette position de non savoir peut être un levier précieux : que veut dire cette expression pour cette dame ? Comment vit-elle cette remarque qui lui est faite ? Pour quelles raisons se l’est-elle appropriée ? Que lui dit-on dans son entourage sur sa façon d’être mère ? Quel est ce lien construit entre elle et sa fille et sur quoi repose-t-il ?
Quel lien créer avec cette dame pour produire du changement alors que les trois interventions précédentes l’ont confirmée dans une attitude parentale inadéquate ?
Toutes ces questions seront traitées lors de la communication car ne pas savoir permet d’interroger, d’explorer, de ne pas projeter sur l’autre nos représentations. Ne pas savoir ouvre le dialogue, la rencontre à l’autre, sans apriori, avec le moins possible de stéréotypes. Ce positionnement permet de rechercher quel travail social effectuer, avec créativité, souplesse et singularité.
Mots clés :
Savoir-faire, Savoir être, Bonne pratique, systémique, croyances, représentations
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