Un plongeon dans les directions d'une école de la banlieue
Année : 2013
Thème : A Educação Popular e os professores/ as na constituição de uma escola popular
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
DOUGLAS Rodrigues Ribeiro (Brésil) – profdouglas@ig.com.br
Résumé :
Dialoguer dans une école de banlieue urbaine requiert au préalable une plongée avec tous les « sens » dans la spécificité du quotidien de la communauté scolaire ; situer historiquement la construction de celle-ci ainsi que l’Unité d’Enseignement dans le contexte des luttes des classes pour l’accès à l’éducation publique.
Notre proposition est d’examiner le Collège Municipal de Botafogo, situé dans la ville de Macaé, Etat de Rio de Janeiro, Brésil. Dans les années 70, avec l’arrivée du Petrobras (entreprise pétrolière brésilienne), débute l’occupation d’une ile fluviale, jadis mangrove ensevelit afin d’y construire des habitations, que l’on nomma Malvina au début des années 80. Macaé devint ainsi la capitale nationale du pétrole et du travail formel au Brésil. Une vague migratoire de personnes venues de tout le Brésil à la recherche de travail a transformé Malvina en la plus grande périphérie de la ville ; que nous nommerons ici Pétropériferia. Les Petropériferia sont des périphéries urbaines qui naissent dans les régions productrices de pétrole.
Dans les années 80, est crée entre les quartiers de Botafogo et Malvina, l’établissement que nous avons étudié. Dans ce contexte socio-économique particulier, nous voulions percevoir, au quotidien, les tensions et conflits provoqués par les inégalités sociales. Ainsi, nous souhaitons envisager la structure de cette école comme une triade « école, problématique sociale et connaissance » dans les pratiques pédagogiques quotidiennes. Aussi, faut-il être attentif à ne pas reproduire dans les recherches les préjugés dominants qui viennent penser l’école périphérique et ses individus comme exclu. Croire en l’école populaire est possible, et en ces individus comme des acteurs du processus de constitution de cette école de pétropériferia. Il est à noter que « la construction d’une école peut passer par une équation réaliste d’une école qui jusqu'à présent n’était pas possible » (ARROYO 1997, p.21). Lorsque nous envisageons un dialogue avec une école de banlieue, nous devons réfléchir au rôle du professeur comme un sujet actif du processus éducationnel et ainsi tenter de rompre avec les paradigmes et stéréotypes régnant au sein des communautés des périphéries pauvres. Nous voulons défendre la singularité des écoles de banlieue souffrant de l’abandon des politiques publiques, et qui finissent par être dominées par d’autres factions tels les gangs qui ont le pouvoir d’introduire des nouveaux concepts inculpés par des enfants et des jeunes adultes, ensuite reproduits dans l’espace scolaire. Nous savons que nous sommes face à un taux de redoublement et de déscolarisation nous poussant à réfléchir l’école comme impossible. Ce qui nous mène à négliger « le savoir » présent dans le quotidien des individus, nous défiant d’utiliser des stratégies pour révéler cette connaissance. Ce dialogue ininterrompu avec l’école de banlieue permet de réfléchir à l’image de l'enseignant agissant dans cette réalité, sa formation académique, l’histoire de sa vie et la dimension significative de cette étude par la pratique pédagogique exercée, imprégnée de la mémoire collective des sujets participants à ce processus. Cette « dialogicidade » (concept développé par FREIRE se traduisant en français par dialogue mais qui dépasse la simple notion de dialogue) vise à une distanciation d’avec le pragmatisme d’une simple transmission de connaissance qui nous rappelle que « ce n’est pas seulement un éducateur qui enseigne, éduque mais ce qui est enseigné dans le dialogue avec l’apprenant ; être éduqué éduque aussi » (FREIRE 1997, p.83). L’école se trouve dans un complexe de Pétropériferia meurtri, contrastant avec la richesse produite par la ville. Pour la recherche, il est nécessaire de s’ouvrir à l’histoire des individus de la communauté scolaire locale, de s’intéresser à la narration et la mémoire de ceux-ci pour comprendre les us et coutumes (CERTEAU, 2012), en particulier des enseignants, et à la pratique pédagogique du quotidien scolaire.
Mots clés :
Formation, Pratiques en réseaux, Crise sociale
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