La recherche collaborative en action et les défis qu'elle pose pour rejoindre les différents acteurs et les mondes qu'ils véhiculent
Année : 2013
Thème : Une illustration autour des questions de transitions interordres
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
CORRIVEAU Claudia (Canada) – claudia.corriveau@fse.ulaval.ca
Résumé :
POSTER
L’élaboration progressive d’une problématique autour de la transition secondaire postsecondaire en mathématiques m’a conduite à prendre conscience de l’importance de considérer les enseignants pour mener cette recherche. Les enseignants sont en effet apparus comme des acteurs incontournables pour comprendre, de l’intérieur de leur ordre respectif, la transition en mathématiques entre le secondaire et le postsecondaire, d’autant plus que celle-ci est abordée du point de vue de leurs manières de faire des mathématiques. Cette implication des enseignants comme acteurs clés a eu des conséquences pour l’ensemble du processus de la recherche.
Une de ces répercussions est la prise en compte, tout au long du processus, d’une démarche de double vraisemblance au cœur de la recherche collaborative telle qu’elle a été développée au Québec par Desgagné (2001, 2007) et Bednarz (à paraitre). Bednarz et Desgagné reprennent ce critère de double vraisemblance à la suite de Dubet pour rendre compte de la double exigence à laquelle est confronté le chercheur lorsqu’il choisit d’aborder la recherche avec des acteurs. Pour Dubet, elle implique une exigence au regard des normes habituelles du métier de chercheur « qui organise et rationalise des données, qui puise ailleurs que dans son propre matériau et qui est soumis à une exigence de non contradiction » mais « elle doit aussi être crédible pour des acteurs dont on postule qu’ils sont compétents et pas totalement aveugles sur ce qu’ils font dans la mesure où toute action exige une activité de justification et de compte rendu […] » (Dubet, 1994, p. 249). Ainsi, l’argumentation s’adresse à un double public, soit « la communauté scientifique avec ses critères propres et les acteurs qui eux maîtrisent d’autres données […]. En se plaçant à l’articulation de cette double exigence, le sociologue se donne des règles d’argumentation doublement contraignantes » (op. cit., p. 249).
Dans cette présentation, je propose d’illustrer comment la double vraisemblance a guidé la conceptualisation de cette recherche et touche différemment chacune de ses parties. Elle renvoie d’abord à une certaine façon de problématiser, qui prend en compte les préoccupations des enseignants et aussi de la chercheuse. Autrement dit, en tentant de comprendre et de développer une problématique de recherche, une certaine voix des enseignants se fait déjà entendre. Elle fait appel à des horizons épistémologiques, théoriques et conceptuels en accord avec cette position. La voix des enseignants est en quelque sorte considérée dans ce travail de conceptualisation, dans une perspective ethnométhodologique mettant au premier plan l’action des acteurs sociaux et leur rationalité. Elle est bien sûr au cœur de la méthodologie qui s’élabore différemment au regard de l’objet transition; celle-ci étant habituellement abordée par le biais d’une étude de manuels et de programmes. Ici, la transition est abordée du point de vue des pratiques des enseignants au moyen d’une activité réflexive, dispositif servant à la fois de questionnement pratique pour les enseignants et de collecte de données pour la recherche. Elle amène en ce sens la chercheuse et les enseignants des deux ordres à se positionner dans l’action, chacun occupant des rôles particuliers dans la coopération. Finalement, le chercheur, dans sa façon d’analyser et de rendre compte des résultats, va chercher à refléter les résultats de la rencontre entre un chercheur et des praticiens. La double vraisemblance prend ici la forme d’une « double fécondité des résultats » (Desgagné, 2001) tant dans la mise en forme que dans la diffusion des résultats (co-production). Ici, elle offre des éclairages nouveaux sur la transition se situant à deux niveaux : 1) comprendre les pratiques de l'intérieur, telles qu'elles se constituent au quotidien, avec leur logique d'action et 2) des avancées sur des pistes d'harmonisation (qui ne se situent pas en dehors du territoire de pratique de chacun).
Mots clés :
Action de groupe, Participation, Savoir-faire, Éducation; collaboration enseignant-chercheur
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