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Expérience collaborative de recherche-action

Année : 2013

Thème : ADL : remettre en question les coopérations interprofessionnelles pour améliorer le traitement et la connaissance des patients

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

ENRICO Vincent (France) – ENRICO.vincent@orange.fr

Résumé :

Cette intervention a pour objet une étude en cours en Limousin dans la société ADL, entreprise régionale spécialisée dans l’assistance à domicile de patients nécessitant un traitement très spécifique avec un appareillage médical adapté. Elle emploie plus de 80 salariés répartis sur trois sites. Cette étude prend la forme d'une recherche-action, toujours en cours.

Elle a débuté en janvier 2012 avec la commande d'ADL au Prefass Limousin d'une étude concernant le traitement social de la non-observance de la thérapie pour les patients atteints d'une des maladies prises en charge par ADL en Haute-Vienne (une dizaine de techniciens et plus de 1500 patients concernés).

La recherche-action implique dans un premier temps les deux assistantes sociales, les deux médecins (chargées du suivi des patients et de la recherche et développement), le responsable du service technique et la pharmacienne responsable opérationnelle. Après un premier écrit basé sur la lecture de dossiers médicaux et sociaux de patients, nous avons défini les enjeux de la réduction de la non-observance et par la même les motifs de l'engagement des salariés dans la recherche-action : éthique (le bien du patient), professionnel (la bonne marche de l'entreprise) et personnel (l'amélioration des conditions de travail). Ils acceptent alors la dimension de changement liée à cette démarche (Crezé, Liu, 2007)

La mission d'ADL suppose une coopération interprofessionnelle car au-delà de du traitement médico-technique, la société a choisi d'étendre son domaine d'action avec un traitement social du patient. Pour mieux comprendre la nature du lien entre le domaine social et les autres domaines de travail, dans un second temps, nous avons été rejoints par trois techniciens (intervenants à domicile qui installent les machines et contrôlent régulièrement leur bon fonctionnement et leur bonne utilisation) volontaires pour mener une réflexion sur l'aspect social du traitement.

L'action du service social dépend de ce que les salariés d'ADL appellent des « signalements », c'est à dire le fait pour un intervenant à domicile d'informer les assistantes sociales d'un besoin social apparu lors de l'installation de l'appareil ou lors d'une visite de contrôle chez le patient. L'objet de la recherche-action est donc de savoir dans quelles conditions il se déroule et en quoi il nous informe sur les effets de la précarité dans le comportement du patient face au traitement.

Le premier travail produit à conduit à observer le paradoxe suivant : les patients pris en compte par le service social ne sont jamais des patients non-observants. A partir de ce constat, nous avons décidé de démarrer un nouveau cycle de réunions consistant à fixer les critères que les intervenants devraient prendre en compte chez le patient afin d'informer le service social de manière plus systématique. La consigne donnée a été de réaliser individuellement et par écrit une liste de ces critères (Lapassade, 1996) mis ensuite en commun. Nous avons alors pu faire un deuxième constat : les intervenants à domicile « signalent » les patients uniquement s'ils identifient précisément l'intervention possible du service social. De cette manière, ils réalisent un tri involontaire en remplissant une des missions de l'assistante sociale : l'évaluation sociale du patient.

Au-delà de l'enjeu pour le malade et pour l'entreprise, la réflexion engagée sur la non-observance du traitement par le patient, provoque des glissements dans les postures des professionnels. La mise à jour de l'organisation telle qu'elle est vécue par chacun conduit à une réflexivité dans le sens d'une capacité de chacun à réfléchir à son rapport à la recherche en cours puis à son rapport aux autres domaines d'activité de la société (Enriquez, 1992). Cela nous conduit actuellement à réfléchir à la contruction d'un outil d'évaluation des besoins sociaux du patient posant la question de l'élargissement des prérogatives du domaine technique ou du domaine social.

Mots clés :

Recherche-action, Culture professionnelle, Traitement social

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