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Un double défi : une collaboration pour penser et améliorer la participation

Année : 2013

Thème : Recherche-action sur la participation des allocataires au dispositif RSA

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

JOUVE Elodie (France) – elodiejouve@gmail.com
AUTANT DORIER Claire (France) – claire.autant.dorier@univ-st-etienne.fr

Résumé :

La recherche-action, dont nous traiterons à plusieurs voix dans cette communication, se donne pour ambition de développer l’innovation et l’expertise des territoires et des acteurs locaux sur un dispositif relativement nouveau (le RSA) qui questionne les acteurs de terrain comme à un niveau politique plus large. Le RSA, issu lui-même d’une logique d’expérimentation, est au cœur d’un double enjeu d’activation des allocataires en tant que « bénéficiaires » de minima sociaux et en tant que citoyens invités à participer.
La généalogie de cette RAC informe sur l’enchevêtrement de volontés diverses et partagées : Un conseil général (Conseil Général de la Loire) et une association (Association de gestion de l’action sociale des ensembles familiaux) en charge du suivi d’allocataires sollicitent initialement l’université de Saint-Étienne et la MRIE (Mission régionale d’information sur les exclusions) puis l’IREIS (Institut régional et européen des métiers de l’intervention sociale) pour animer des groupes de travail et en faire la synthèse. Les résultats, restitués lors d’une conférence, débouchent sur l’envie de poursuivre la collaboration par une recherche-action. Brièvement, il s’agit de favoriser la participation des allocataires du RSA aux instances de décisions qui les concernent et de modifier les pratiques des institutions et associations qui ont affaire avec le dispositif RSA vers plus de démocratie. Ce projet se réalise dans le cadre de l’appel à projet université citoyenne et solidaire. Celui-ci impose que la démarche associe des collaborateurs aux caractéristiques forts différentes depuis le processus de conception du projet jusqu’à la restitution des résultats et à la mise en œuvre des préconisations.
Les objectifs, les étapes de travail et les méthodes sont définis conjointement. Ils s’articulent autour de la présence de tiers (sociologues et ethnologue) sur l’ensemble du département dans les différents espaces de travail des professionnels (du travail d’accompagnement aux instances décisionnelles) ainsi qu’avec les allocataires par l’organisation de rencontres de groupe afin de penser avec eux le processus participatif. La RAC provoque alors une mise en abime aussi délicate à gérer qu’intéressante à penser : la réflexion sur la mise en place de la participation des allocataires génère des glissements de positionnement de l’ensemble des partenaires. La participation à la recherche-action de chacun des niveaux d’acteurs (responsables de services, chercheurs, praticiens, allocataires…) ne va pas de soi : des enjeux de définition des rôles et des places, de gestion des temporalités propres à la recherche et à la vie institutionnelle ou associative, de financements et de pilotage du projet se manifestent.
Nous montrerons comment cette expérience met en lumière la difficulté à intégrer d’emblée la co-construction des savoirs et des actions dans le RSA comme dans la RAC. Elle ne se décrète pas en amont de l’expérience mais s’éprouve par l’expérimentation, dans la confrontation et la mécompréhension, mettant à mal ceux, professionnels comme chercheurs, qui prennent ce pari. Aux travers des « Copil » et des échanges quotidiens sur le terrain, les difficultés méthodologiques deviennent apports réflexifs nécessitant concertations, négociations et ajustements entre les différents acteurs. La construction de nouvelles connaissances et l’élaboration d’actions se produisent finalement au travers de ces épreuves. Peu à peu apparaissent de micro-révolutions silencieuses qui travaillent en profondeur chaque participant : l’acceptation d’un statut de « collaborateur bénévole » pour certains allocataires, la conscientisation du besoin de portage politique, l’implication d’acteurs tenus à distance (comme les administrateurs d’association) ou encore le respect de la mission de chacun tout en observant les marges de manœuvre possibles. Le chemin paraît désormais ouvert, les mois à venir nous permettront de mesurer ce qui aura été parcouru.

Mots clés :

Recherche-action, Participation, Co-construction

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