La place du chercheur à l’école
Année : 2013
Thème : La posture du chercheur, le rôle de l’institution, les connaissances produites
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
CHARVY Nathalie (France) – nathalie.charvy@wanadoo.fr
Résumé :
Proposition de poster
Professeur à l’IUFM-Université de Bourgogne, j’ai été amenée durant l’année universitaire 2011-2012 à mener deux recherches dans la classe. D’une part, j’ai rédigé une thèse, soutenue en 2009, sur « l’influence des pratiques langagières sur l’acquisition de la langue orale chez les élèves entre quatre et cinq ans. » (Canut 2008, Lentin 2009). Il s’agissait d’interroger les résultats d’une thèse, de transformer ce constat de recherche en tant qu’expérimentation dans trois classes de maternelle durant une année scolaire, de parvenir à des constats didactiques et de former des maîtres-formateurs. A ce titre, nous avons élaboré un document d’une centaine de pages mis à la disposition de l’ensemble des enseignants du premier degré du département. En outre, ce projet a alimenté un séminaire de recherche pour les M1 du master « Eduquer, enseigner, apprendre » et des conférences pédagogiques animées par les enseignants ayant participé à la recherche. Plusieurs indicateurs invitent a priori à conclure à une réussite : confirmation des résultats de thèse ; déclinaison opérationnelle dans la classe (avec un apport précieux des enseignants en termes didactique et pédagogique) ; nouvelles pistes de recherche à destination des élèves en difficulté et allophones ; harmonie des échanges…Peut-on parler pour autant de recherche-action collaborative ? Positionnée comme experte, j’ai apporté un savoir et un outillage prédéterminés et ne me suis pas positionnée de fait comme les autres acteurs. Pourtant, il y a bel et bien eu production de connaissances au sens où elles sont la conséquence d’une transformation de la réalité (Fijalkow 1990).
Concernant la deuxième recherche, suite au constat que des élèves de cycle 2 plutôt performants à l’oral, rencontrent de sévères difficultés lors du passage à l’écrit, le directeur d’académie a passé commande d’une recherche-action où ont été parties prenantes les écoles d’application, l’IUFM (par mon intermédiaire) et l’inspection académique. Le groupe de travail constitué a élaboré la problématique suivante : « Comment faire écrire les élèves de cycle 2 pour améliorer leurs compétences orthographiques ? » (Ouzoulias 2008, Haas, Moreau, Mourey 2010)
Formation de maîtres-formateurs puis par ricochet formation d’enseignants : il s’est agi de faire évoluer les pratiques pour la réussite des élèves. D’une part, j’ai choisi le cadre théorique ; d’autre part, travaillant avec tous les niveaux de cycle 2, j’ai proposé de croiser la problématique de départ à la question du continuum des pratiques d’écriture au sein du cycle –non traité dans la littérature. Je me suis heurtée à une double réticence : un maître-formateur absent lors de la constitution du groupe a préféré un autre cadre théorique. Les six enseignants concernés ont travaillé volontiers entre eux quand ils appartiennent à même niveau de classe mais ne se sont pas concertés pour le « tuilage » de pratiques au sein du cycle : il sera impossible de répondre à la question du continuum d’un choix didactique et de son efficacité. Mais les bases pour poursuivre l’investigation dans ce sens ont été clairement posées. Des problématiques inter-personnelles sont à questionner : la demande institutionnelle prise en charge par l’IUFM a traité d’un sujet non choisi par les acteurs qui ont été dans l’obligation de participer à ce groupe de travail. Seuls les enseignants de GS et de CE1 se sont emparés du cadre théorique et didactique. Le volontariat des participants, leur enrôlement à la naissance du projet, la dimension temporelle longue sont autant de données à prendre en compte dans une RAC.
En conclusion, il s’agira d’interroger le statut du chercheur à l’école, entre effacement, impulsion, volontarisme, soumission ; le rôle de l’institution et enfin la nature des connaissances produites. En tout état de cause, la recherche en classe et ses résultats nécessitent une analyse multi-référentielle (Ardoino 1993).
Mots clés :
Formation, Recherche-action, Connaissances, Ecole
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