DEROBERT Amélie (France) – derobert.amelie@gmail.com

Différentes dispositions législatives et réglementaires modifient l’organisation fonctionnelle et territoriale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Le projet territorial se structure par des établissements et des services inscrits dans une politique éducative autour de quatre fonctions (placement judiciaire, milieu ouvert, insertion et détention). Ce changement organisationnel implique de nouvelles pratiques professionnelles pour les cadres.
Dans cette communication, je présenterai le dispositif d’une recherche-action mis en œuvre dans le cadre d’une étude sur les « supports de travail et de pilotage des unités éducative en milieu ouvert (UEMO) », qui a pour objectif de développer la capacité des cadres à analyser et à comprendre leur rôle dans la mise en place de ces outils, puis à faire des préconisations adaptées au contexte local.

La démarche de recherche-action se réfère au postulat de P. Bernoux selon lequel le changement organisationnel est un processus et, dans cette optique, nous abordons cette question sous l’angle de l’apprentissage des « nouvelles manière de faire » et des « nouvelles façons de coopérer ». Mon rôle de chercheur consiste à accompagner méthodologiquement (Donnay, 2009) les praticiens dans le processus de recherche et dans le changement organisationnel, en les aidant à problématiser, à choisir et à justifier leurs choix méthodologiques. Ensemble, nous définirons une stratégie de changement adaptée aux nouvelles contraintes organisationnelles en intégrant le modèle de la pratique réflexive proposé par Schön.

La méthode comporte cinq phases :
-La première phase est un travail exploratoire et d’élaboration de la recherche. Il faut sortir de la commande préétablie et des propositions institutionnelles pour créer une adéquation de la pensée entre tous les acteurs. Pour faciliter cette dynamique, le groupe de travail a été subdivisé en deux groupes. Le premier nommé « le groupe technique » est chargé de préparer les journées collectives. Il doit inciter le second à rentrer dans le processus et tente une traduction entre la commande et le terrain. Le second, composé du premier groupe et des professionnels associés, nommé le « groupe de travail et d’élaboration » (GTE MO) met en lien le processus et la pratique professionnelle.
-La deuxième phase est consacrée à problématiser le sujet et dégager des hypothèses de travail. A la lecture des supports de travail de huit UEMO et un service éducatif auprès du tribunal, en demi-groupe, les animateurs portent l’ensemble les remarques au niveau collectif pour être débattus.
-La troisième phase consiste à « aller entendre » le terrain. L’objectif est d’amener les cadres à effectuer des entretiens compréhensifs pour recueillir la parole de l’équipe en activité et d’en saisir le sens qu’elle donne au contexte, et les idées d’amélioration.
-La quatrième phase est l’analyse collaborative. Cette phase a pour objectif de débattre sur les données des entretiens, en fonction des statuts professionnels (cadres, non-cadres), des éléments territoriaux et d’autres facteurs contextuels. Ce débat fait émerger des préconisations qui seront débattues lors d’une journée avec les représentants des syndicats et un magistrat.
-La cinquième phase concerne la rédaction du rapport d’étude. À partir des comptes rendus élaborés tout au long des journées collective, nous allons travailler il sur une modalité d’écriture restituant les interventions collectives et l’analyse construite.

Nous proposons dans cette communication d’interroger ce contrat implicite s’instaurant entre les praticiens et la chercheure qui permet d’aboutir d’une part à des savoirs théoriques réinvestis dans la thèse et dans mon développement professionnel et d’autre part, des savoirs-opérationnels réinvestit dans la pratique des professionnels.

Action collective, Intervention sociale et travail social, Territorialisation