BOURDALEIX-MANIN Anne-Laure (Canada) – anne-laure.bourdaleix-manin@uqat.ca
VAN PEVENAGE Isabelle (Canada) – isabelle.van.pevenage@umontreal.ca

L’enseignement de la recherche sociale à des étudiants inscrits en travail social dans le contexte québécois actuel soulève plusieurs questions d’importance sur les liens forts ou ténus qui existent entre le monde de la recherche et celui de la pratique et de l’intervention. En effet, il est question de l’utilité et de la forme de cet enseignement pour des étudiants qui se destinent en grande majorité à la pratique (ou qui sont parfois déjà praticiens), et non à la recherche. Si l’on considère, comme Donnay (2001), qu’idéalement tout praticien devrait avoir du temps dégagé pour des tâches de recherche nécessaires à son épanouissement professionnel et à son esprit critique, le défi de l’enseignant est alors d’expliciter ce qu’est un processus de recherche et sa finalité de façon très concrète pour que l’étudiant puisse réaliser comment l’intégrer dans sa façon de travailler comme futur intervenant.

L’enseignant devrait aussi mettre en lumière en quoi la recherche est utile au travail social en termes de renouvellement des pratiques et de perspective critique. Ainsi Gélinas et Pilon font valoir très clairement dès 1994 les différents modes de transfert envisageables entre la recherche et la pratique. La question du transfert est toujours d’actualité puisque deux des reproches souvent entendus et illustrés par les milieux de pratique est le manque de correspondance entre les réalités du terrain et celles des chercheurs et le manque de transfert des savoirs issus de la recherche auprès des praticiens. Or le développement des recherches-action et des recherches partenariales est un des signes de rapprochement que l’enseignant peut utiliser pour favoriser une meilleure compréhension des liens entre les deux mondes.

Enseigner la recherche à des étudiants de premier cycle et à des étudiants de deuxième cycle qui se destinent à produire un travail de recherche nécessitent des niveaux de discours distincts (précisions sur les orientations paradigmatiques, méthodologiques, liens avec des chercheurs chevronnés) et montrent également des défis curieusement très proches. Le principal étant celui de faire correspondre les aspects théoriques et d’application et surtout de les rendre le plus digeste possible en faisant par exemple intervenir des acteurs des deux mondes durant les cours; puis de faire état des liens fondamentaux qui unissent la recherche à l’intervention et ce même pour les futurs maîtres qui doivent argumenter pour faire valoir la pertinence sociale et scientifique de leur projet de recherche parfois avec difficultés, en visant les retombées concrètes pour les milieux de pratique, et qui devront montrer une sensibilité particulière aux modes de diffusion et de transfert des nouvelles connaissances en vue de leur application.

Ainsi notre communication tout en ayant fait un portrait de pratiques universitaires actuelles dans l’enseignement de la recherche, montrera l’importance de repenser la forme et le contenu de ces cours tant au premier qu’au deuxième cycles et formulera des recommandations dans le but de favoriser une meilleure compréhension de ce qu’est la recherche et de son importance auprès des praticiens en devenir ou déjà en exercice, pour un renouvellement sain et essentiel des pratiques d’intervention sociales.

Transfert des connaissances, Compétence, Enjeux, Recherche sociale Renouvellement des pratiques