Interventions sociales au domicile des familles : conséquences de l'habitat sur le suivi social

Année : 2013

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

TILLARD Bernadette (France) – bernadette.tillard@free.fr
RURKA Anna (France) – anrurka@u-paris10.fr
VALLERIE Bernard (France) – bernard.vallerie@wanadoo.fr

Résumé :

(Un quatrième auteur est à ajouter : 1432 Emmanuelle MARTINS)

Dans le cadre d’une étude financée par l’ONED, nous avons réalisé 15 études de cas auprès de parents et de professionnels rencontrés à deux reprises, à un an d’intervalle. La recherche a porté sur des familles faisant l’objet de plusieurs interventions simultanées à leur domicile dans trois régions (Nord – Pas-de-Calais, Ile-de-France et Rhône-Alpes). Nous avions fixé comme critère d’inclusion que la famille reçoive au minimum un(e) éducateur(rice) dans le cadre d’une mesure éducative et un(e) technicien(ne) d’intervention sociale et familiale (TISF) quelque soit le cadre institutionnel de son intervention. Notre souci était d’inclure à la fois des modalités de travail s’appuyant essentiellement sur la rencontre régulière et la parole (AEMO 14 cas, AED 1 cas) et d’autres s’inscrivant davantage dans les préoccupations quotidiennes des familles et la participation aux activités domestiques (TISF)
Les familles étudiées ont des trajectoires résidentielles complexes. Ces changements de logement sont des adaptations successives d’une part aux propositions de structure d’accueil (CHRS, foyer maternel, hôtel social), au manque de logement social adapté et d’autre part aux besoins changeant du fait de la taille de la famille et des aléas conjugaux.
La trajectoire résidentielle des familles et la sectorisation des services conduit à des incertitudes dans les interventions sociales. Elle crée une période de flottement durant laquelle la famille expérimente une certaine autonomie. Elle rend possible la recomposition des relations entre les parents et les travailleurs sociaux.
Cette étude renvoie à une dimension essentielle de l’éducation de l’enfant dans sa famille, celle du logement. D’autres travaux ont souligné cette importance. Ainsi, les travaux de Bruce Leslie au Canada montrent que parmi les enfants pris en charge par la protection de l’enfance, pour un enfant sur cinq, le logement est pris en compte dans la décision, soit d’admettre l’enfant dans un service, soit de retarder son retour en famille. Plus proche de notre recherche, les premiers résultats du travail doctoral d’Amélie Turlais mené sur les décisions du juge des enfants à l’issue d’une mesure d’AEMO nous indique que dans 16% des cas, le juge n’est plus concerné par la mesure en raison d’un changement de juridiction de l’enfant. Notre étude, centrée sur des familles recevant plusieurs prestations à domicile, grâce à son organisation en deux périodes, met en évidence le poids du logement dans 9 cas 15. La précarité économique des familles associée à l’insalubrité des logements qui leur sont accessibles conduit à des ruptures d’interventions suivies de recomposition. Cette conclusion conduit indirectement à interroger l’organisation distincte et peu connectée des politiques de rénovation urbaine, relevant de l’Etat et des Municipalités, et des politiques de protection de l’enfance, relevant du Département et du Ministère la Justice.

Mots clés :

Partenariat, Intervention sociale et travail social, Pauvreté, Protection de l'enfance, logement

← Retour à la liste des articles