Professionnalisation des cadres d’institutions sociales : comment concilier éthique et stratégie ?

Année : 2013

Thème : Pour faire preuve d’ingéniosité, faut-il savoir prendre des risques, savoir ruser ?

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

KOLLY OTTIGER Isabelle (Suisse) – ikollyo@sunrise.ch

Résumé :

Devenir cadre dans les institutions sociales aujourd’hui, demande de développer des compétences diversifiées pour pourvoir répondre aux besoins des bénéficiaires, aux exigences des politiques socio-économiques et aux transformations de la professionnalisation dans le domaine du social et de la santé. Mais, devenir cadre aujourd’hui, c’est aussi accepter de devoir faire face à des enjeux multiples, de se trouver confronté à des dilemmes, de savoir gérer des injonctions paradoxales ou contradictoires. Les situations complexes auxquelles sont confrontées les directions les mettent souvent en tension. Mener des actions innovantes en prenant en compte tous les paramètres en jeu demande de l’ingéniosité. Il s’agit de faire preuve d’intelligence pratique, de trouver des astuces, des trucs, des moyens et parfois de savoir ruser. Plusieurs développements de postures sont alors envisageables pour les professionnel-le-s en poste de direction. Ces derniers-ères peuvent faire le choix de la prudence, de rester bon élève, de faire profil bas, d’accepter les changements, de ne pas faire trop de remous, de s’adapter au mieux au risque de s’effondrer sous les pressions diverses. Ou alors le choix de la confrontation, de se mettre en résistance, de protéger les valeurs défendues jusqu’à ce jour, de ne pas répondre aux injonctions nouvelles, ou de ne » rien faire », au risque alors de rester campé dans une attitude rigide et de rater le train en marche. Une posture plus séduisante est celle de celui ou celle qui, au milieu des remous et des tumultes, sait questionner le sens des changements afin de conserver une place d’acteur réflexif et de s’inscrire dans des actions innovantes. Il est attendu des cadres qu’ils sachent faire preuve de stratégie. La stratégie, c’est l’art de combiner et de coordonner diverses actions pour atteindre un but. Mais de quelle manière peut-on développer des habiletés en stratégie?
Citons un exemple : comment s’y prendre pour faire accepter par les financeurs un nouveau projet original qui répond à la mission institutionnelle mais qui risque de ne pas être validé au vu des engagements financiers nécessaires ? Est-il souhaitable d’ « aménager » le projet pour qu’il entre dans les normes, quitte à apporter des modifications une fois que le principe est accepté ? Ou faut-il chercher à établir des contacts directs et privilégiés pour faire accepter son projet ?
Est-ce alors faire preuve de stratégie, d’astuce, de ruse ? Or la notion de ruse est souvent reliée à celle de tromperie, de mensonge, associant un jugement de valeur négatif qui pose des questions de déontologie et d’éthique aux professionnels du social. Dès lors qu’il s’agit de faire des choix, de prendre des décisions, d’assumer des responsabilités, d’entreprendre des actions nouvelles, comment s’y prennent les professionnels du social pour combiner les logiques éthiques et les logiques stratégiques ? Quels sont les risques encourus ?
En nous appuyant sur des questionnements recueillis lors de groupes d’analyse des pratiqués de direction (dans le cadre du MAS-DAS en direction d’instituions éducatives, sociales et socio-sanitaires), ainsi que des données récoltées lors de la recherche CADRE portant sur le travail réel de directions d’établissements sociaux et scolaires, nous nous intéresserons à la question des dispositifs de formation permettant de développer ces compétences.

Mots clés :

Ingénierie sociale, Éthique et déontologie, Responsabilité

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