Dépression, suicide et masculinités: au-delà des facteurs de risque, mieux comprendre l'implication des rôles masculins en tant que leviers d'intervention.
Année : 2013
Thème : La recherche sur la dépression et le suicide chez les hommes a permis une nouvelle compréhension des connexions entre le genre et la santé mentale. Si les premières recherches dans le domaine ciblaient principalement les aspects négatifs et toxiques des masculinités, une nouvelle approche met en lumière comment certains rôles masculins peuvent agir comme des leviers d'intervention.
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
ROY Philippe (Canada) – philippe.roy5@usherbrooke.ca
TREMBLAY Gilles (Canada) – gilles.tremblay@svs.ulaval.ca
Résumé :
Le Québec a connu longtemps un des plus fort taux de suicide parmi les pays industrialisés, surtout chez les hommes, ce qui a motivé des efforts importants en recherche et en intervention. Considérant que la dépression est étroitement associée à la mortalité par suicide, la distribution de la dépression entre les femmes et les hommes semble indiquer une relation discordante. En effet, les femmes sont près de deux fois plus nombreuses à avoir un diagnostic de dépression, alors que le taux de suicide est trois à quatre fois plus élevé chez les hommes [1]. En cherchant des explications à la surmortalité des hommes par suicide certains éléments de la socialisation masculine ont été identifiés comme des facteurs de risque. Mais c’est aussi dans la socialisation masculine que se trouvent d’importants leviers d’intervention et de prévention du suicide mais qui demeurent encore méconnus [2-4]. Ceci s'inspire de perspectives comme la psychologie positive [5], le modèle des forces [6] et la salutogène [7, 8]. En se basant sur des recherches québécoises, cette communication présente les dimensions positives et négatives des rôles masculins en lien avec la santé mentale. Les hommes qui adoptent une vision plus ouverte et flexible des rôles masculins sont mois à risque de dépression et de suicide que ceux qui adoptent une vision rigide et traditionnelle [9]. De plus, l’aide psychosociale permet aux hommes suicidaires de «négocier» les normes masculines auxquelles ils se conforment et de celles qu’ils rejettent, selon l’impact de ces normes sur leur santé et leur bien-être [10]. Les recommandations comprennent un meilleur dépistage de la dépression chez les hommes comme un moyen pour contrer la tendance des hommes à «masquer» leur dépression qui est trop souvent révélée par le suicide[1]. Il est également suggéré de développer des campagnes de promotion de la santé qui alignent les rôles masculins avec des comportements sains en matière de santé mentale. Ces recherches ont été publiées respectivement dans la Revue québécoise de psychologie et dans Intervention (revue de l’Ordre des travailleurs sociaux du Québec). Elles ont été intégrées dans une publication destinée aux cliniciens par le Réseau Qualaxia (Institut national de santé publique du Québec).
Mots clés :
Masculinités, Santé mentale, Genre
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