La méthodologie des histoires de vie, démarche privilégiée de la recherche-action existentielle

Année : 2013

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

CHAPUT Corinne (France) – corinne.chaputlebars@gmail.com

Résumé :

Cette proposition de contribution a pour ambition de présenter la méthodologie des Histoires de vie comme l’une des recherches participatives parmi les plus aptes à produire de la connaissance scientifique et à transformer les acteurs.

L’Histoire de vie est toujours une pratique de recherche collaborative puisqu’elle s’appuie sur les récits de vie de personnes dont l’existence même et la narration qu’ils en font sont postulées comme porteuses de savoir et qu’elle prévoit des temps formalisés de co-construction de sens entre le chercheur et le narrateur. Elle propose la relation interlocutoire entre ces deux catégories d’acteurs comme le terreau d’un processus de créativité commune. Lorsqu’elle se pratique avec des sujets qui ne sont pas des professionnels de l’action sociale mais des personnes en difficulté ou ayant été placés dans un contexte où elles ont été fragilisées, l’enjeu est de parvenir à ce qu’elles se constituent comme des « sujets sachant ».

La pratique des Histoires de vie peut avoir trois usages : recherche, intervention sociale et autoformation. Dans le cadre d’une recherche-action située dans une institution à caractère social, elle vise le développement d’un collectif. Pour ce premier cas de figure, je m’appuierai sur une recherche-action conduite à la demande de la Maison de l’emploi et de la formation de Vimoutiers, dans l’Orne, où je recueille les récits de vie de demandeurs d’emploi dont l’usine a fermé et qui ont un travail de deuil collectif à faire et de reconstruction de leur estime de soi avant de pouvoir passer à autre chose.

Le deuxième exemple sur lequel je m’appuierai est celui de ma thèse en Sciences de l’Education. Partant de l’hypothèse selon laquelle l’écriture de sa vie est source de raccommodement pour une personne ayant vécu des traumatismes de guerre, je suis allée à la rencontre de 4 anciens appelés du contingent ayant participé à la guerre d’Algérie et qui avaient réalisé un manuscrit à propos de leur expérience extrême 40 à 50 ans après les faits.

A partir d’une analyse de ces récits et d’un entretien clinique-dialogique avec leurs auteurs, j’ai été en mesure de co-construire avec eux et par eux de la connaissance scientifique sur les effets produits par l’écriture rétrospective. J’ai ainsi mis en évidence que le récit de vie avait eu des effets de transformation de la personne et notamment :
-D’autoformation
-De maintien, de restauration et de développement de l’estime de soi
-De catharsis

Dans les deux exemples sus-cités, le modèle de recherche-action auquel je me référerai est celui de la recherche-action existentielle que René Barbier a développé dans les années 80. Ce modèle aborde des thèmes ancrés dans l’affectivité humaine et des situations-limites (naissance, amour, vieillesse, deuil, souffrances, traumatismes, etc). Le chercheur est collectif puisqu’il regroupe les acteurs en difficulté et le chercheur patenté, qui se « co-forment ». La finalité est « l’adaptation relative de soi au monde » (Barbier, 2013).

Pour que cette posture éthique et méthodologique, qui considère tous les acteurs de la recherche-action collaborative comme « actants » plus qu’acteurs, puisse se traduire jusque dans la diffusion de ses résultats, je propose une contribution orale à 3 voix : celles de deux des anciens appelés avec lesquels j’ai travaillé et la mienne.

Mots clés :

Recherche-action, Acteurs, Catastrophe humaine

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