TSCHOPP Françoise (Suisse) – frtschopp@bluewin.ch
AVET L'OISEAU Sylvie (Suisse) – sylvie.avetloiseau@hesge.ch

Dans le Travail social, la supervision d’équipe fait partie de la culture professionnelle, même si ces dernières années, la demande de ce type d’intervention diminue et ceci pour des raisons dites budgétaires et de disponibilité pour se mettre ensemble. Etre au même endroit au même moment en équipe pour penser sa pratique n’est plus une priorité ; il est fini le temps où la supervision d’équipe était un temps fort et qualifié d’incontournable pour tous et par tous. Nous faisons l’hypothèse que le travail faisant moins sens et l’activité étant moins porteuse de signification, les penser n’est plus essentiel et pourtant….
Espace de réflexion, de définition collective de la mission ou du projet institutionnel, de régulation de conflits, de mise à plat des crises et des inquiétudes qui agitent les acteurs de l’institution, ces moments de rencontres collectives sont indispensables pour prendre du recul et construire une dynamique de travail en équipe qui soit au service de la mission. Les enjeux individuels et de dynamiques collectives sont multiples et contradictoires. Les professionnels sont confrontés à des situations plus lourdes et complexes et ils peinent à se mobiliser et à résister aux tensions dues aux logiques de performance, de compétition ou encore aux pressions de réorganisation de l’Etat social et de coupes budgétaires.

Vivre et travailler en équipe ne va pas de soi et cette valeur sur laquelle se fondait le travail social est passablement malmenée dans un contexte de segmentation des interventions et de remise en cause des cadres de référence. De plus, il n’est pas rare d’entendre que les colloques réunissant les professionnels sont surtout maintenant opérationnels plutôt que réflexifs dans un souci d’efficience et de process qualité.

Les supervisons d’équipe émargent souvent au budget de la formation continue de l’institution et de ce fait entre en concurrence avec d’autres actions de formation. Choix collectifs ou choix individuels s’opposent et peuvent provoquer des résistances à y participer. Par ailleurs certaines institutions imposent une supervision d’équipe avec des attentes démesurées qui relèvent quasiment du « miracle » pour résoudre des difficultés, incohérences institutionnelles.

Quels sont les moyens à offrir pour que ces temps de rencontres parviennent à mobiliser les acteurs et à mutualiser les connaissances, les techniques, les savoir faire, les positions des uns et des autres ?
Comment s’inscrivent-ils ou non dans une institution apprenante ?
Que faire des phénomènes de résonance, de discordance et de résistance ?
Comment éviter d’être pris au piège d’une position d’expert, / régler les tensions et amener des réponses ?
Comment prendre en compte les différences, les singularités, les contraintes qui remettent en cause les dynamiques de travail ?
Comment être à l’écoute des malaises, des insatisfactions et co-construire un climat constructif, coopératif et créatif et valoriser les savoirs de l’expérience ?

A travers les différentes interventions que nous menons l’une et l’autre dans des institutions du social nous tenterons de montrer le rôle de la supervision d’équipe dont l’orientation n’est pas de faire de l’analyse de pratiques mais bien de s’attacher au fonctionnement de l’équipe, de l’organisation et du projet institutionnel.
Quelles sont ses limites et comment s’y prend-on pour travailler avec des équipes différentes ? Analyser les dimensions individuelles, collectives et sociétales qui influencent les dynamiques institutionnelles actuelles se révèle utiles pour que chaque acteur impliqué dans cette démarche puisse bénéficier de l’expérience formative des uns et des autres.
Nous sommes convaincues que cet espace est un espace de transmission des expériences, de savoirs faire, de savoir être, de valeurs, un espace de connaissance et de reconnaissance, espace tiers, transitionnel, de jeu au sens de Winnicott.

Action collective, Institution, Co-construction, supervision