Un réseau pour rompre l'isolement dans une société en crise
Année : 2013
Thème : Quelle place dans notre société pour celles et ceux qui ne sont plus dans la course ?
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
HOBER Olivier (France) – ohober@ville-sallaumines.fr
LOUGRADA Saâdi (France) – slougrada@ville-sallaumines.fr
Résumé :
La précarité, l’éclatement familial, l’individualisme, la dépendance physique et psychologique sont autant de facteurs propices à l’isolement.
Dans une société productiviste et élitiste, quelle place donne-t-on à celles et ceux qui ne sont plus en course ?
A en croire notre société de consommation, pour être heureux aujourd'hui, il faut posséder , consommer, être à la mode, répondre à des canons de beautés illusoires...Quelle image la publicité donne aux personnes qui ne peuvent répondre à ce dictat commercial ?
Ajoutons à cela ce que les médias nous proposent, parfois de façon exagérée; violences, guerres,chômage, crise financière, abus de pouvoir, tromperies en tout genre... Comment une personne fragile ou fragilisée peut-elle se projeter sereinement à travers ces annonces ?
L'isolement touche, de plus en plus de personnes, indépendamment de la classe sociale ou de l'âge.
Parallèlement aux progrès (technologique, scientifique, culturelle...) les inégalités s'accroissent, engendrant l'exclusion de celles et ceux qui n'ont plus les moyens financier, physique ou encore psychique de jouir des ''bienfaits'' d'une société en perpétuelle évolution.
Se sentir exclu est le premier pas vers l'isolement.
Comment ne pas se sentir exclu de notre société, bien pensante et pleine de ressources, lorsque l'on est handicapé et que chaque passage de trottoir relève du parcours du combattant ?
Comment ne pas sentir exclu, lorsque le travail scolaire,personne,l ne peut se faire sans ordinateur et imprimante et que les ressources du foyer ne peuvent supporter ces dépendances ?
Comment ne pas se sentir exclu lorsqu'après 40 années de labeur on se retrouve sans aucune utilité, relégué au rang de sage que l'on ne consultera jamais ?
Cependant l'isolement n'est pas une fatalité.
Le réseau municipal ESA (Ecoute Solidarité et Accompagnement) s'articule en trois temps:
REPÉRER: Il n'est pas simple de repérer les personnes isolées. Il semblerait pour ces dernières que la société ne veut plus d'elles, alors pourquoi demander de l'aide, il n'y a plus rien à attendre...
Nous rencontrons des êtres humains qui se sont résignés, vivant avec des moyens minimalistes, inimaginables.
C'est là que la notion de réseau prend tout son sens.
Selon une définition, le réseau est une organisation clandestine, informelle. C'est à partir de ce réseau, informel, constitué de voisins, d'anciens amis, de professionnels...que nous arrivons à repérer cette population invisible.
ACCOMPAGNER: Étrangement, ces personnes qui ne croient plus en grand chose, acceptent volontiers la main que nous leur tendons.
L'accompagnement qui s'en suit appartient à l'accompagné. Il n'y a pas de solution toute faite, de timing défini.
Il faut parfois du temps. Les demandes sont bien souvent loin de ce que nos représentations sociales nous pousseraient à imaginer pour aider.
Et parfois il faut aller vite, très vite, trop vite pour un travail en partenariat classique. Il faut sortir des codes sociaux, ''réseauter'', imaginer, inventer des solutions.
Parfois le résultat est probant.
Quelque fois, l'échec de l'accompagnement paraît inéluctable et soudain ça fonctionne, sans nous, juste peut-être parce que la personne a découvert qu'elle existait encore pour quelqu'un.
PRÉVENIR:Il arrive que la solitude a fait de gros dégâts. La dépression s'est installée rendant la personne fragile, vulnérable. Il faudra alors prévenir ''la rechute''. Non pas celle de la guérison, mais celle de l'exclusion.
Il faudra inventer des accompagnements pérennes, qui ne coûtent rien en dehors du temps et de l'énergie.
Dans un contexte de crise, il faudra, quel que soit le réseau, associatif, professionnel, mixte...créer des solutions qui ne fonctionneront qu'avec l'énergie humaine.
Ces réseaux s'entretiennent. Ils ont besoin d'une attention toute particulière. Car de leur existence, de leur efficacité, dépendent la vie...sociale, de nombreuses personnes.
Mots clés :
Réseau, Solidarité de proximité, Lien social
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