La professionnalisation des intervenants sociaux à l’université : une construction originale des compétences ?
Année : 2013
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
FOURDRIGNIER Marc (France) – mafourdrig@aol.com
Résumé :
En France la professionnalisation des intervenants sociaux s’est faite, de longue date, à l’écart de l’Education Nationale. C’est le ministère des Affaires Sociales qui avait, et a toujours, en charge ce domaine (Fourdrignier, 2008). Néanmoins progressivement, certaines universités se sont investies dans la formation des intervenants sociaux. Cela s’est traduit notamment par l’apparition d’une dénomination nationale « intervention sociale » lors de la création d’un nouveau diplôme en 1999, la licence professionnelle.
Cette création résulte d’un double mouvement : le premier, propre à l’université, s’inscrit dans un mouvement plus large « la professionnalisation de l’université qui vise à finaliser vers l’insertion et l’emploi toutes les formations universitaires, qu’elles soient professionnelles ou non (Quenson, Coursaget, 2012). Le second, propre au champ social, correspond à la fin, depuis les années 80, du monopole, plus ou moins absolu selon les secteurs d’activité, des travailleurs sociaux.
Plus de dix ans après cette création il est possible de dépasser les débats complexes des années antérieures (travail social versus intervention sociale ; centre/périphérie ; anciens et nouveaux...) de comparer et de mettre en parallèle ces deux voies d’accès aux métiers du social que sont les professions sociales et les formations universitaires à l’intervention sociale . Un premier travail a permis de comparer les modalités de stage et les modalités de professionnalisation (Fourdrignier, 2011). Cette communication se focalise plus globalement sur la construction des compétences. Il s’agit de répondre à la question suivante : en quoi la professionnalisation à l’université contribue à la construction des compétences professionnelles ?
Ce cursus ne repose pas sur le même modèle que les diplômes d’Etat du travail social. Les dimensions nationale et réglementaire sont beaucoup moins présentes. Par suite les promoteurs locaux ont une initiative beaucoup plus large à partir d’un cadre très général, puisqu’il porte sur l’ensemble des licences professionnelles, tous secteurs confondus. Le risque d’une prégnance forte des référentiels ( de compétences et de formation) sur la pratique réflexive n’est pas du tout présent (Carignan, Fourdrignier). Le risque serait plutôt inverse...
Pour apporter des éléments de réponse à la question posée nous prenons appui sur une enquête réalisée auprès de plus de 200 personnes titulaires d’une licence professionnelle intervention sociale. Elle porte sur l’insertion et les parcours de ces personnes. mais surtout elle aborde, du point de vue des titulaires, les apports de cette formation. Cela va permettre, tant du point de vue des enseignements que des stages, de voir ce qui a pu être construit.
L’hypothèse générale qui structure l’analyse des résultats est la suivante : s’est constitué un type de professionnalisation, qui se distingue de celui qui est mobilisé dans les professions du travail social par des référentiels constitués et utilisés de manière différente, des pratiques de l’alternance de nature distincte, des usages différenciés des disciplines et des profils distincts des responsables de ces formations. Le type de professionnalisation mobilisé dans la licence professionnelle contribue à construire des compétences originales. Pus globalement cela revient à démontrer par les compétences acquises et les emplois occupés que les licences professionnelles intervention sociale ne viennent pas concurrencer les diplômes du travail social, mais viennent élargir les profils disponibles.
Mots clés :
Professionnalisation, Compétence, Formation
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