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La formation par le Récit de vie des Travailleurs sociaux

Année : 2013

Thème : ou le récit de vie une source de savoirs

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

DEFERT Fabienne (Belgique) – fab.defert@skynet.be

Résumé :


Au regard des apprentissages qui sont les miens aujourd’hui, la transformation de l’usager d’objet à sujet passe aussi par l’identité professionnelle du travailleur social et la posture professionnelle qu’il adopte.

L’identité est complexe et relève d’articulations issues à la fois du social, du personnel et du culturel mais elle s’élabore aussi par le regard des autres en s’inscrivant dans une dimension temporelle et peut se modifier en fonction des expériences, des contextes, des évolutions de toute nature. La conscience que nous élaborons alors de nous-mêmes orientera nos comportements et nos relations avec autrui (Costolat-Fourneau ; Lipiansky-2008 ).
La formation par le récit de vie me semblait donc être une formation à destination des travailleurs sociaux en élaborant l’hypothèse que l’utilisation d’une formation à caractère expérientiel avec pour support le projet parental, le génosociogramme, la ligne du temps comme je les ai moi-même expérimentés au cours de la formation à l’Institut International de Sociologie Clinique à Paris leur permettraient de découvrir non seulement leurs origines et leurs complexités à la fois sociale, culturelle et psychologique-et j’émettais l’hypothèse qu’elle leur redonnerait du sens sur le plan professionnel en questionnant la relation aux usagers.


L’ « expérience » menée au sein de l’Union des Villes et des Communes de Wallonie s’est donc déroulée sur un cycle de 4 journées espacées dans le temps.
Ces journées se sont articulées entre moments de dessins, de récits présentés au groupe et des moments de réflexions, d’auto réflexions et d’analyses. Ce sont aussi des moments de résurgence, d’émotions, de compréhensions.


Cette expérience tout aussi riche pour les participants que pour le formateur permet d’expérimenter certains outils et d’en comprendre – par cette expérience sur soi- la richesse, la finesse, les apports.

Le formateur ne se positionne pas en tant qu’expert « enseignant » mais en tant que médiateur garant d’un cadre, de méthodes et d’émergences de savoirs.

Au final, les participants ont découvert leur humanité et par la même ont revisité leur posture professionnelle en comprenant la difficulté de se raconter, l’importance de revisiter le passé et d’en retirer la dimension vécue et donc subjective- plus que la dimension vivante en tant que telle. Il y a eu des surprises, des étonnements, des bousculements de certitudes et cela autant sur des aspects professionnels (modification des approches possibles de la personne) que sur le plan personnel (mieux comprendre l’histoire des générations précédentes).
Parmi eux certains ont fait des découvertes notamment sur des parcours migratoires de leurs propres familles et ce, qui a redonné du sens à leurs activités professionnelles liées aux personnes en migration.
Pour d’autres, ils ont mieux perçus leurs origines familiales, le sens de leur choix parfois effectués dans la résistance et dans le combat. Ils se sont apporté mutuellement leurs récits et leurs regards dans une dynamique de co construction

Cette formation est donc une transformation qui nécessite de l’implication personnelle mais qui au final reconstruit le lien à soi-même et remodifie en conséquence le lien aux autres. Elle implique d’emblée la pose d’un cadre sécurisant dont le formateur est garant.
Cette sécurité semble aussi renforcée- selon les dires des participants lors de l’évaluation - par le fait que le formateur a lui-même expérimenté le récit de vie.

Les travailleurs sociaux reconnectés à eux-mêmes, peuvent alors regarder, écouter leurs usagers comme des sujets, ayant une histoire, un vécu. Ils comprennent que se raconter n’est pas facile et sans doute savaient-ils déjà qu’écouter ne l’est pas non plus.
Dans tous les cas, les participants ont mieux compris leur dynamique identitaire par l’écoute multidimentionnelle et sont repartis transformés pour de nouvelles interventions sociales

Mots clés :

Formation, Co-construction, Intervention sociale et travail social

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