LELEU Myriam (Belgique) – leleum@helha.be

Donner à l’individu la possibilité d’agir ou plus simplement de réagir face à des souffrances et sentiments d’impuissance, tel est l’un des grands leviers de la démarche conscientisante du pouvoir d’agir. Ouvrir la possibilité d’entrer en pouvoir d’agir aux aînés ne semble plus une aberration dans un monde dominé par la ‘géricroissance’. Il y a à peine 50 ans pourtant, s’intéresser à la vieillesse était vu comme une sorte d’erreur, car c’était donner du temps à un groupe d’âge déterminé par la mort, une mort biologique et sociale certaine... En cette même période, regarder les aînés comme vecteur de changement de société était perçu comme un défaut de compréhension du social. Aujourd’hui, non seulement, ce n’est plus une erreur, c’est devenu une évidence, voire une nécessité ou une obligation.

Le Développement du Pouvoir d’Agir… Une démarche conscientisante au service des personnes et des collectivités, une pratique émergente en travail social, un outil à transmettre aux intervenants du social, un moyen au service de la formation…

Comment rendre cette démarche accessible au monde des aînés ? Comment sensibiliser les intervenants et les personnes âgées à la pertinence de cette approche qui devrait idéalement viser non seulement une meilleure qualité de vie des aînés mais aussi et surtout une plus forte capacité d’expression de leurs besoins et désirs par eux-mêmes.

La Développement du Pouvoir d’Agir, tel que formulé par Yann le Bossé, se veut un outil ouvert à toute personne ou collectivité qui chercherait à sortir de l’impuissance. Pourquoi ne pas oser réfléchir à la mise en oeuvre de cette démarche au service des aînés, qu’ils soient jeunes retraités ou entrés dans le grand âge, qu’ils soient en totale autonomie ou marqués par l’hétéronomie, qu’ils soient dépendants ou non ?

Cette communication propose un regard réflexif sur l’utilité d’une telle démarche auprès de personnes dont le nombre grandit mais pour lesquelles les modalités de l’intervention sociale restent globalement plus ciblées sur la prise en charge et la prise en soins plutôt que sur l’affirmation de l’exercice de la citoyenneté. Elle veut ouvrir des perspectives nouvelles transmissibles aux divers métiers du travail social et s’arrêter sur les diverses formes existantes d’appropriation du pouvoir d’agir des aînés via les Conseils de Résidents en maison de repos, les Conseils Consultatifs Communaux des Aînés, les associations de retraités, etc.

La base de cette communication repose sur des expériences de formation d’adultes confrontés aux besoins des aînés, qui vivent en maison de repos, en milieu gériatrique ou qui bénéficient de services et soins au domicile.

Elle interpelle les savoirs gérontologiques classiques et leur évolution en regard du vieillissement de la population et de l’apparition de besoins nouveaux chez les aînés. Elle veut aussi interroger la posture professionnelle des intervenants amenés à revisiter leurs pratiques en fonction des demandes d’aide et d’accompagnement de personnes de plus en plus âgées, et marquées par des pathologies plus lourdes, mais ayant une capacité d’affirmation de leur autonomie et de leurs choix plus grande que celle de leurs aïeux. Les effets du Baby Boom mènent vers les pas du grand âge des générations imprégnées de mouvements de revendication et façonnées par l’individuation. L’image traditionnelle d’une vieillesse soumise et dépendante est ainsi revisitée au travers des représentations de ‘seniors’ proactifs qui exigent des droits, même dans de difficiles conditions de précarité et de fragilité. Il serait dommageable de passer à côté de l’évolution d’un public qui représente un véritable ‘marché’ de l’intervention sociale.

Le Développement du Pouvoir d’Agir s’inscrit dans la transformation des savoirs et enjeux de l’intervention sociale (axe 2), comme un outil parmi d’autres, au service d’une vieillesse à inventer...

Générations futurs, Autonomie, Citoyenneté, Vieillesse