Les échanges européens: Prémisses à une nouvelle forme d’intervention sociale?
Année : 2013
Thème : L’exemple d’un projet d’échanges entre les intervenants sociaux auprès des publics roms en France et en Roumanie
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
DIERCKENS Aurélien (France) – aurelien1881@hotmail.com
Résumé :
En mars 2010, le réseau associatif ROMÁ est constitué en vue de développer des échanges avec les intervenants sociaux en Roumanie. Le réseau réunit quatre associations territoriales françaises : Sauvegarde du Nord, AREAS, AFEJI et FNARS NPDC. Il s’élargit ensuite aux associations caritatives : Secours catholique et Fondation Abbé Pierre. En juillet 2011 CARITAS Roumanie rejoint le réseau. ROMÁ devient dès lors un instrument de coopération transnationale, dont l’objet est de promouvoir l’intervention sociale en direction des publics roms migrants.
Le réseau mobilise différents acteurs, des responsables politiques aux professionnels. Un comité de pilotage réunit directeurs et élus associatifs. La faible capacité d’intervention des associations en Roumanie conduit le réseau à signer un accord avec les autorités roumaines. Le réseau travaille dès lors avec les institutions françaises et roumaines, ce qui lui confère un rôle nouveau de coordination politique. Les professionnels de terrain participent aussi aux activités. De nouveaux lieux d’échanges sont créés: équipes projets composées de travailleurs sociaux, comité de suivi qui réunit éducateurs et chefs d’équipes. Ces nouveaux lieux d’échanges redessinent les frontières entre les associations en fonction de la production de savoirs spécifiques. Le réseau crée en février 2013 un comité technique composé de chargés de mission afin d’élaborer un projet de développement. On observe ainsi une organisation en fonction des savoirs, afin de produire de nouveaux savoirs.
Le réseau vise à faire travailler ensemble les professionnels de terrain et les responsables associatifs. Cela est notamment mis en œuvre lors des missions en Roumanie. Par exemple, les participants rédigent ensemble un compte rendu des rencontres et des visites. La rédaction est coordonnée par le chef de projet qui récupère les écrits de chacun. Ces comptes rendus contiennent ainsi les points de vue des responsables et des professionnels, le chef de projet ayant ainsi un rôle de coordinateur par écrit. Ce travail permet une production de savoirs gérée et exploitée par le chef de projet. Dans le cadre de ces activités, la connaissance du roumain, ou la traduction et l’interprétariat, sont nécessaires. Les langues étrangères deviennent donc une nouvelle compétence. La distance géographique suppose aussi de nouvelles formes d’échanges : fiches de liaison, vidéoconférence, etc. Dans ce contexte, l’écrit prend une place plus importante, à moins de se doter des outils de communication à l’échelle de l’Europe.
Les rencontres entre professionnels permettent des réflexions communes sur les conditions de vie et d’intégration des publics roms migrants : Gagnent-ils au change quand ils s’installent dans des campements de fortune en France ? Quels sont leurs souhaits d’intégration ? Comment avancer au plan local, national et européen ? Pour apporter des réponses à ces questions, les professionnels échangent autour des parcours des personnes et de leurs pratiques professionnelles. L’élaboration de projets d’accompagnement peut reposer sur une mise en commun des expériences et des observations faites par les intervenants dans les deux pays. Ces connaissances permettent d’adapter l’intervention sociale au regard du parcours individuel dans le pays d’origine. Par exemple, on peut appréhender l’évolution des conditions de logement de ces personnes qui vivaient en Roumanie dans des bidonvilles en marge des villes et villages, au sein de communautés isolées où la solidarité familiale élargie est souvent une condition de survie. Ces échanges permettent aussi de s’intéresser à leur mode de vie, à leur culture.
Ce travail en partenariat peut favoriser des initiatives de solidarité et d’interculturalité au sein des associations, mais également auprès d’autres acteurs: les collectivités territoriales, les universités et les centres de formation, etc.
Mots clés :
Pratiques en réseaux, Travail social international, Interculturel
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